Comoros - Multiple Indicator Cluster Survey - 2000

Publication date: 2000

REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMORES -------------- PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE -------------- DIRECTION GENERALE DU PLAN ENQUETE A INDICATEURS MULTIPLES (MICS 2000) RAPPORT FINAL (1er DRAFT) Février 2001 P R E F A C E La République Fédérale Islamique des Comores, représentée par le Chef de l’Etat, a signé la Déclaration et le Plan d’Action pour les Enfants adoptés par le Sommet Mondial pour les Enfants (SME), tenu à New York en septembre 1990. Elle s’est ainsi engagée à réaliser les objectifs arrêtés alors, mais également à procéder à un suivi régulier pour en évaluer les progrès. En raison d’un contexte politique plutôt difficile, seule cette évaluation, au terme de la décennie, a été réalisée, sur la base de l’Enquête à Indicateur Multiple (MICS, selon les initiales en anglais). Ce Rapport présente les résultats de cette évaluation qui mesure les progrès accomplis, à travers les modules retenus par le SME comme essentiels pour la survie et le développement de l’enfant. A titre d’exemple, on citera ici comme particulièrement significatives, la vaccination, la prise en charge d’affections médicalement bénignes, mais mortelles dans certains pays dont les Comores, la préservation de certaines carences nutritionnelles préjudiciables au développement de l’enfant. D’autres aspects tout aussi importants sont également pris en compte comme la lutte contre toutes les formes d’exploitation des enfants, et notamment par le travail, la jouissance d’un habitat sain, l’accès à une eau salubre, et surtout le droit à une éducation de base. Il ne s’agit là que de quelques points parmi les plus importants visés par le Plan d’Action. Comme cette enquête vient d’être menée pour la première fois, elle ne peut prétendre à la perfection, malgré toute l’application et tous les soins dont elle a été l’objet. De ce fait, certaines de ses données doivent être traitées avec quelque précaution. C’est ce qui a été fait ici, en toute rigueur méthodologique, avec le souci constant de la fiabilité et de la cohérence. C’est ainsi que, lorsque cela s’est avéré nécessaire, d’autres sources que le MICS et émanant des secteurs d’activité concernés ont été exploités, s’ils étaient récents et s’ils répondaient aux critères de pertinence et de fiabilité. Dans cet ordre d’idée et pour les mêmes raisons, des aménagements ont été réalisés en amont de l’enquête pour adapter, dans certains cas, le questionnaire aux réalités locales. Dans tous les cas, le Rapport ne se contente pas de fournir des résultats ; il les analyse, les interprète pour en tirer des conclusions, et surtout pour formuler des recommandations qui doivent aider les décideurs à poursuivre plus efficacement leurs efforts pour atteindre les objectifs fixés. Si ce travail a été réalisé, et s’il est, de surcroît, conforme au but qui lui est fixés, il le doit au concours précieux et constant d’un certain nombre des Partenaires des Comores qui méritent tous d’être cités pour leurs contributions multiformes. Il s’agit du PNUD, du FNUAP, de l’OMS, du CARE International, de la Coopération française, et bien entendu, de l’UNICEF, la cheville ouvrière de tout cet ouvrage. L’équipe technique du Plan, maîtresse d’œuvre de l’entreprise, ainsi que le groupe multisectoriel à l’origine du Rapport méritent également d’être remerciés. LE DIRECTEUR GENERAL DU PLAN 2 Table des matières P R E F A C E . 1 Table des matières. 2 RESUME DU RAPPORT. 5 I. INTRODUCTION . 10 II.1. Organisation générale de l’enquête. . 13 II.2. Plan de sondage . 13 II.3 Questionnaires. . 14 II.4. Collecte des données. 15 II.5 Exploitation des données . 15 III. CARACTERISTIQUES DE L’ECHANTILLON ET QUALITE. DES DONNEES. 16 III.1 Taux de couverture des ménages et des enquêtés. 16 III.2 La distribution par âge des enquêtés . 17 III.3 Qualité des données par module du questionnaire. 20 III.4 Caractéristiques des ménages et des enquêtés . 21 IV/ LES RESULTATS. 25 A1 MORTALITE INFANTILE ET JUVENILE. . 25 A2 MORTALITE MATERNELLE. 26 B. EDUCATION. 30 B.1. L’enseignement préélémentaire ou (préscolaire). 30 L’école coranique. 31 l’école coranique rénovée. 31 les classes d’éveil. . 32 les centres préscolaires. . 32 Les écoles maternelles. 32 Evaluation des résultats. . 32 Les contraintes dans le développement du préscolaire. . 34 B.2. L’éducation de base. . 35 Evaluation des résultats obtenus durant la décennie . 36 3 Les contraintes. 41 B.3. L’alphabétisation des personnes âgées de 15 ans et plus. . 42 C. HABITAT, EAU ET ASSAINISSEMENT. . 46 C.1 Habitat et confort. . 46 Caractéristiques de l’habitat. . 46 Possession des éléments de confort. 47 C.2 Eau . 48 Etat de la situation en 2000 . 50 Evolution durant la décennie. 53 C.3 Assainissement . 57 D. MALNUTRITION DES ENFANTS. . 62 D.1.Politiques en matière de nutrition. 62 D.2. Etat nutritionnel des enfants de moins de cinq ans. 63 D.5. Allaitement maternel. 69 D.3. Consommation du sel iodé et Supplémentation en vitamine A. . 75 Consommation du sel iodé. . 75 Supplémentation en vitamine A. . 77 D.4. Poids et Taille à la naissance des enfants. . 80 E.SANTE DE L’ENFANT. . 83 E.1. Programme Elargi de Vaccination (PEV) . 83 E.2. Maladies Diarrhéiques. . 89 E.3. Les Infections Respiratoires Aiguës (IRA). . 93 E.4. Le Paludisme. . 99 F. VIH-SIDA ET SANTE DE LA REPRODUCTION. . 103 F.1. Connaissance et transmission du HIV/SIDA. 103 F.2 Santé de la reproduction. . 113 la planification familiale. 114 Protection contre le tétanos néonatal. 117 Soins prénatals. 118 Assistance à l’accouchement. 119 G. LES DROITS DE L’ENFANT. 121 4 G.1. Enregistrement des naissances. 122 G.2. Orphelinat et conditions de vie des enfants dans les ménages. . 124 G.3. Le travail des enfants . 129 LISTE DES TABLEAUX. 135 RÉSUMÉ DES INDICATEURS . 137 5 RESUME DU RAPPORT A1. Mortalité des enfants de moins de cinq ans. La méthode de Brass d’estimation indirecte de la mortalité des enfants a été appliquée aux données de la MICS des Comores. Compte tenu des distorsions assez importantes déjà mentionnées au sujet des données1, les estimations ci-dessous présentées sont juste des ordres de grandeurs pour l’ensemble du pays et pour le milieu rural qui compte les deux tiers de la population totale. Les estimations sont les suivantes : • Le quotient de mortalité infantile est de 59 pour 1000 pour l’ensemble des Comores et de 62 pour 1000 pour le milieu rural. • Le quotient de mortalité juvénile est de 15 pour 1000 pour l’ensemble du pays et de 17 pour 1000 pour le milieu rural. • Le quotient de mortalité infanto-juvénile est de 74 pour 1000 pour l’ensemble des Comores et de 77 pour 1000 pour le milieu rural. Ces estimations se rapportent à l’année 1998. A2. Mortalité maternelle. L’estimation indirecte fournit un taux de 517 décès maternels sur 100 000 naissances, qui représente une moyenne couvrant une longue période, centrée approximativement sur 12 ans avant l’enquête, soit 1988. En comparant avec Madagascar, le niveau de la mortalité maternelle est presque équivalent : l’enquête EDS de 1997 Malgache a montré que le taux de mortalité maternelle se situe entre 500 à 600 décès maternels pour 100 000 naissances durant la période 1980-1990. Ce niveau élevé du taux de mortalité maternelle pourrait s’expliquer par les conditions socio-sanitaires des femmes en âge de procréation. Nombreuses sont les mères qui n’ont pas accès à des services de soins de santé modernes. Selon les données de EDS réalisé aux Comores en 1996, on a estimé à 57% les femmes qui accouchent en dehors de tout établissement sanitaire. En plus les données du MICS ont montré que 38 % d’entre elles accouchent avec l’aide de personnes non qualifiées, certains sans aucune aide. B. Education. A l’accession des Comores à l’indépendance, des objectifs nouveaux ont été assignés au système éducatif, dont la scolarisation universelle au niveau de l’éducation de base. A cet effet, des efforts considérables ont été mis en œuvre, principalement dans le domaine des constructions scolaires et dans celui de la formation des maîtres. L’enquête MICS et les statistiques du Ministère de l’Education Nationale permettent d’évaluer les résultats obtenus. Au niveau de l’éducation préscolaire, les taux de fréquentations sont bas, de l’ordre de 14,3%, selon l’enquête MICS qui a certainement pris en compte des enfants fréquentant des établissements autres que les classes maternelles proprement dites. En effet, pour celles-ci, le taux Brut de scolarisation n’est que de 2,4%. Ces établissements autres concernent essentiellement les écoles coraniques qui accueillent la quasi-totalité des enfants de l’âge de 4 ans à la puberté. Ces chiffres traduisent une réelle désaffection pour cet enseignement encore mal perçu tant par les familles que par les Autorités. Son développement est possible dans le 1 Voir analyse de la répartition par année d’âge de la population en page … 6 cadre de « l’école coranique rénovée », combinant enseignement coranique et éducation préscolaire. Les résultats obtenus au niveau de l’éducation de base sont plus importants, avec un taux net d’inscription évalué à 60,2% en 1999, le taux brut s’élevant à 78,7%. Selon l’enquête MICS, entre l’île de la Grande Comore (31,2%) et celle d’Anjouan (28,1%), les taux de fréquentation sont proches, par rapport à Mohéli (43,1%) Un écart similaire existe entre les milieux rural et urbain. Sauf à Mohéli, ce taux de fréquentation est plus élevé pour les garçons que pour les filles, sans que l’écart ne dépasse les cinq points. De manière générale, les performances du système sur le plan quantitatif sont plutôt décevantes. Ils le sont encore plus sur le plan qualitatif : seul moins du quart des élèves admis en première année achèvent ce cycle de base de 6 ans. En matière d’alphabétisation, le taux est évalué à 59,1% pour les personnes âgées de 15 ans et plus. Ce taux, relativement élevé pour la sous-région, est surtout remarquable, en l’absence de toute véritable politique définie en la matière. De fait, c’est à l’école coranique qui accueille la quasi-totalité des enfants que l’on doit cette performance. Le vrai problème non encore résolu concerne la langue et la graphie à adopter. Alphabétisés en comorien, avec l’utilisation des lettres arabes, les Comoriens ne tirent qu’un profit limité et non instrumentalisé de leur aptitude. Le problème de l’alphabétisation dans une langue étrangère (l’arabe, mais surtout le français) doit donc être posé. C. Habitat, Eau et Assainissement. Habitat. La MICS révèle que l’habitat comorien est encore conditionné par l’utilisation de matériaux locaux dans des conditions précaires. Pour l’ensemble des ménages enquêtés, 23% des maisons ont des murs en paille et 30% des mures en tôle. Près d’un quart des maisons ont un toit en paille et une maison sur trois a un sol en terre battue. En outre, 36% des ménages comoriens ne possèdent aucun des éléments de confort contre 1,3% en possession de tous ces éléments de confort. On note une disparité remarquable entre le milieu urbain par rapport au milieu rural, au profit du milieu urbain surtout pour les éléments suivants : électricité, téléphone, réfrigérateur et TV/vidéo. Eau. Si dans les îles de Mohéli et d’Anjouan l’eau des robinets et des bornes fontaines suffisent à satisfaire les besoins de la population, en revanche, les normes de qualité ne sont plus du tout respectées sur l’ensemble des réseaux d’adduction. De ce fait, les épidémies de typhoïdes sont fréquentes dans ces deux îles. Dans l’île de la Grande Comore, les problèmes d’accès à l’eau à boire ne posent, en ce qui concerne les normes de quantité, que de façon très épisodique, en relation avec les aléas climatiques. Ici, 75% de la population utilise l’eau de pluie (eau de citerne) comme source d’eau à boire. Pour ce qui est des normes de qualité, un problème réel se pose en milieu rural de l’île où il n’y a pas de réseau d’adduction et où les conditions de stockage des eaux de pluie ne sont que très rarement conformes aux normes de qualité admises. Assainissement. 79% des Comoriens utilisent encore les latrines traditionnelles pour le traitement et l’évacuation des excrétas. Seulement 2% de la population, quasi-exclusivement en milieu urbain, utilise des toilettes avec chasse d’eau. La situation n’a pas connu une réelle évolution par rapport aux données du Recensement de 1991. Il n’existe pas d’importantes disparités entre les milieux urbain et rural. 7 D. Malnutrition des Enfants. Malnutrition. La situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans ne cesse de s’aggraver au fil de temps et se caractérise ainsi. Insuffisance pondérale. ƒ 25,4% pour la forme modérée et 8,5% pour la forme sévère ( niveau en dessous de 3 Ecarts-Types E.T) ƒ Les groupes d’âge des 12-23 mois et 24 – 35 mois sont les plus affectés avec respectivement 30% et 29%. Retard de croissance. ƒ 42,3% des enfants souffrent de sa forme modérée et 23,3% de la forme sévère. ƒ Ce sont les enfants en milieu rural (45,4%) et ceux résidant à Anjouan (53%) qui accusent le plus de retard de croissance. ƒ Le groupe d’âge des 12 – 23 mois est le plus touché par la forme chronique de cette malnutrition. Emaciation. ƒ 11,5 % des enfants de 0 à 59 mois sont affectés. ƒ Les enfants du milieu urbain sont beaucoup plus touchés que ceux du milieu rural (16% contre 10%). Allaitement maternel. ƒ 24,3% des enfants de 0 – 3 mois sont exclusivement nourris au sein. ƒ Pour 34,3% des enfants, l’introduction de l’alimentation de complément à l’âge de 6–9 mois semble respectée. ƒ 65% des enfants sont sevrés à partir de 9 mois. ƒ La poursuite de l’allaitement pour les 12–15 mois et 20– 23 mois tend à la baisse en passant respectivement de 65% à 45%. Consommation du sel iodé. ƒ 82% des ménages consomment du sel iodé à plus de 15 PPM. ƒ A Anjouan, on a enregistré une couverture de 91% qui dépasse celle recommandée à 90%. Supplémentation en Vitamine A. ƒ 12% des enfants de 6 à 59 mois ont eu une dose de vitamine A pendant les 6 derniers mois précédant l’enquête et ƒ 13% des femmes ont reconnu avoir eu une dose de vitamine A avant que leur bébé n’atteigne 8 semaines d’âge. Insuffisance pondérale à la naissance. ƒ 27,23% des enfants naissent avec un faible poids à la naissance, et cela pour plusieurs raisons. Mais il semble que, de manière générale, la sous-alimentation des mères avant et pendant la grossesse soit l’un des premiers et principaux facteurs responsables de cet état. E. Initiative (PCIME) Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfance. En dépit d’une situation toujours préoccupante, la MICS montre une certaine amélioration de l’état de santé des enfants. Toutefois, cette tendance rassurante appelle des réserves, en raison 8 de certaines singularités consécutives à des biais liés à toute enquête (erreurs de mesures et erreurs de sondage). Si les résultats concernant la vaccination sont tout à fait acceptables, il n’en est pas de même pour les pathologies courantes comme les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës et le paludisme. En effet, la MICS montre un taux de couverture vaccinale de 69% qui corrobore les données des études antérieures (EDS 96). Avec la bonne implantation en postes de vaccination qui existe, ce taux pourrait être amélioré s’il n’y avait pas les contraintes liées aux ruptures répétées et prolongées des antigènes et de la chaîne du froid. Autrement dit, les objectifs visant à éradiquer la poliomyélite et à éliminer le tétanos néonatal sont du domaine du possible. F. VIH/SIDA. Connaissance, attitudes et pratiques vis-à-vis du HIV/SIDA. Selon la MICS 2000, la population féminine du groupe des 15- 49 ans a entendu parler du VIH/ SIDA (87,2%) mais seuls 21% connaissent les trois moyens de prévention. Ce pourcentage est encore plus faible (18,5%) au niveau des adolescentes de 15 à 19 ans). La situation est très préoccupante dans l'île d'Anjouan où 70,1% des personnes interrogées, ne connaissent aucun moyen de prévention du VIH. Si 53,3% des femmes savent qu'une personne apparemment en bonne santé peut être infectée, très peu connaissent les trois conceptions erronées sur la transmission du VIH (15,9%). Ce sont les femmes qui ont un niveau d'éducation secondaire et plus qui expriment le plus une attitude discriminatoire vis-à-vis des séropositifs(59,2%). Si très peu de femmes (33,2%) connaissent un endroit où on effectue le test, seules 11,2% s'y rendent, et une forte proportion (76,70%) reviennent pour être informées des résultats. SANTÉ REPRODUCTIVE. Planification familiale. Le pourcentage des femmes en union ou mariées qui ont déclaré utiliser une méthode contraceptive au cours de l'enquête MICS/2000 a été évalué à 25,8%. Ce sont les injections qui viennent en première position (8,9%) des trois méthodes les plus utilisées, suivies de la pilule (8,3%) et de l'abstinence périodique (2,8%). Il y a une progression du taux de prévalence de la contraception moderne qui passe de 11% (EDSC/96) à 19,2% (MICS 2000). Protection contre le tétanos néonatal. Près d'une femme sur deux (46,3%) est protégée contre le tétanos. Par contre, il n'y a qu'une infime partie (28%) des femmes enquêtées qui a reçu les cinq doses de vaccins antitétaniques qui leur confèrent une protection à vie. La différence entre les femmes du milieu urbain (50,3%) et celles du milieu rural (44,5%) est très peu importante. Soins prénatals. Un peu plus de sept femmes sur dix (74,3%) ayant eu une naissance survenue au cours de la dernière année qui a précédé la MICS/2000 ont reçu des soins prénatals d'un personnel de santé qualifié (médecin, sage femme, infirmière et sage femme de l'AM). Les accoucheuses traditionnelles ont dispensé des soins prénatals à 12,6% des femmes de 15 à 49 ans et 4,4% les ont reçus d'une parente ou d’une amie. 7% des femmes enceintes n'ont pas eu des soins prénatals, durant la même période. Assistance á l'accouchement Plus d'une femme sur trois (43%) ayant eu une naissance survenue au cours de l'année qui a précédé l'enquête MICS/2000 a été assistée au cours de son accouchement par une sage femme. Si on considère l'ensemble du personnel de santé, ce taux est de 62,8% (il était de 9 52% lors de l'EDSC/96). Ce sont les femmes non instruites qui sollicitent le plus l'assistance des accoucheuses traditionnelles lors de leur accouchement (31,8%). G. DROITS DES ENFANTS. Enregistrement des naissances. L’enquête a révélé que 84% des naissances sont enregistrés. Sur l’ensemble des îles, 16% des enfants de 0-4ans n’émargent pas dans le fichier de l’état civil. Les taux d’enregistrement par île sont les suivants : Grande Comore : 90,2%, Mohéli, 76,5%, Anjouan, 74,7% . Il résulte de l’enquête que les contraintes à l’origine du non-enregistrement sont reparties comme suit : ƒ 33% ne se sont pas prononcés sur le point de savoir s’ils ont enregistré ou non leurs enfants. ƒ 32% estiment que le coût de l’opération est trop élevé. ƒ 15% estiment que le centre d’enregistrement est loin du lieu de résidence. ƒ 11% ignorent l’acte d’enregistrement. ƒ 6% ne veulent pas payer l’amende pour retard dans l’enregistrement. ƒ 3% ignorent le lieu d’enregistrement. Toutes ces raisons expliquent que bon nombre des parents renoncent à assurer l’enregistrement de leurs enfants. Orphelinat et Conditions de vie. Les données de la MICS montrent que 6,4% des enfants de 0-14 ans ne vivent pas avec leurs parents biologiques. Ce pourcentage est de 0,8% pour ceux dont les deux parents sont décédés. Dans l’ensemble, en cas de séparation du couple, les enfants vivent plus avec leurs mères (12%) qu’avec leur père (2,6%). Le travail des enfants. L’enquête sur le travail des enfants a permis de quantifier le phénomène et de donner quelques caractéristiques du travail des enfants. Au niveau national, 36,7% des enfants âgés de 5-14 ans travaillent actuellement. Parmi eux : ƒ 13,8% exercent un travail non-rémunéré, ƒ 1,3% exercent un travail rémunéré, ƒ 44,3% des enfants âgés de 5-14 ans exercent un travail domestique de moins de 4 heures par jour et ƒ 2,1% travaillent plus de 4 heures par jour. ƒ 27,7% de cette catégorie d’enfants, travaillent dans les propriétés ou les affaires familiales. 10 I. INTRODUCTION Les Comores, archipel volcanique de 2240 Km², sont formées de quatre îles : la Grande- Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte (encore sous tutelle française) Elles sont situées dans le canal de Mozambique, à égale distance de Madagascar et du continent africain. Sa population, au niveau des trois îles administrées par La République Fédérale Islamique des Comores, est estimée à 549 000 habitants en l’an 2000. Dans sa composition comme dans sa dimension culturelle, elle porte la marque de la diversité de son peuplement qui est d’origine africaine et arabo-persane. Le pays a accédé à l’indépendance en 1975. Plus de 25 années après l’indépendance, l’heure n’est pas à l’optimisme, s’agissant de la situation générale qui prévaut dans le Pays, comme nous le verrons à travers ce Rapport. En effet, basé sur les données recueillies par l’enquête à indicateurs multiples MICS 2000, ce document met en évidence les performances mitigées, voire faibles, du Pays, par rapport notamment aux objectifs fixés par le Sommet Mondial pour les Enfants (SME). Et pourtant, les atouts et les potentialités ne manquent pas au Pays… Avec un sol d’origine volcanique fertile, un régime pluviométrique et hydrographique favorable, un climat plutôt clément permettant la culture d’une grande variété de produits qui vont des fruits tropicaux, des épices, des plantes à parfum, aux cultures maraîchères et céréalières, les Comores pourraient développer une économie agricole performante, d’autant que pour certains de ces produits, notamment l’ylang-ylang, la vanille, le clou de girofle et le coprah, elles disposent même d’un milieu physique exceptionnellement favorable. Et que dire de la beauté de ses sites naturels miraculeusement préservés et qui constituent pour le secteur du tourisme des atouts qui ne demandent qu’à être exploités dans le respect de leur diversité et de leur richesse qui restent à découvrir. Sans compter qu’il suffirait de peu pour que le Pays puisse tirer profit de cette autre richesse que sont les hommes. En effet, avec une population jeune saine et dynamique, structurée en associations culturelles et de développement, des cadres souvent bien formés et motivés, une culture ancienne et vivante, cultivant les vertus de tolérance et de paix, les Comores disposent d’atouts non négligeables et porteurs d’espoir… Malheureusement, depuis son accession à l’indépendance, le Pays accumule les calamités de tous ordres qui sont autant d’obstacles dans la voie du développement. Et d’abord, cette indépendance inachevée, en raison du maintien sous la tutelle française de l’île de Mayotte, situation sans nul doute à l’origine des mouvements séparatistes récurrents qui déchirent le Pays, et y perpétuent le climat d’instabilité politique considéré comme l’une des causes principales du recul du Pays dans de nombreux domaines. La crise politique et institutionnelle ouverte en 1997 par les séparatistes de l’île d’Anjouan, est là, si besoin était, pour illustrer les effets négatifs liés aux atteintes à l’unité et à l’intégrité du Pays. Durant ces trois dernières années, en effet, tous les secteurs économiques et sociaux ont été lourdement pénalisés au détriment de la population, et plus au détriment des enfants, premières victimes de la détérioration des services de santé et d’éducation. Cette crise sociale sans précédent a de toute évidence touché plus Anjouan que les autre îles, qui ne sont pas pour autant épargnées. Comme cela est démontré par toutes les données disponibles sur les indicateurs sociaux, de manière générale, les progrès réalisés dans les années 80 stagnent, quand ils ne sont pas en régression. L’Etat, privé de ressources, doit se contenter d’assurer son propre fonctionnement, sans toujours y parvenir… Les grèves qui paralysent périodiquement le service public, principalement les secteurs sociaux de la santé et de l’éducation sont là pour nous rappeler que même les salaires des agents de l’Etat ne sont plus payés régulièrement. Ces causes politiques se doublent de déséquilibres structurels qui aggravent la situation et compliquent la recherche de solution au sous-développement et contre la pauvreté, comme on 11 va le voir, et d’abord au niveau de l’économie. Caractérisée par un secteur agricole peu productif et un secteur tertiaire hypertrophié, c’est une économie peu diversifiée et manquant de compétitivité. Le secteur agricole, qui emploie 80 % de la population active et fournit la totalité des recettes d’exportation (90%), est en crise. En effet, la production, destinée uniquement à l’exportation et limitée à un nombre réduit de cultures spéculatives (vanille, girofle et ylang-ylang principalement) est fortement tributaire des variations de leurs cours sur le marché international et des avancées technologiques en matière de produits de synthèse de substitution (la vanilline entre autres). La production vivrière, pratiquée avec des techniques agricoles archaïques et inadaptées occasionne des dégâts considérables sur l’environnement, et se révèle incapable de satisfaire les besoins nutritionnels d’une population plutôt jeune dans sa grande majorité. Cette situation a pour conséquence le recours massif aux importations de denrées alimentaires qui, avec les produits pétroliers, épuisent les faibles recettes d’exportation. Ainsi, le faible niveau de développement des activités productives, la dégradation des cours des matières premières, les dégâts causés à un environnement déjà fragile par une population toujours plus nombreuse et toujours aussi inconsciente dans sa relation avec le milieu naturel, tout cela explique largement la dramatique crise économique et sociale qui frappe le pays. Dans ces conditions, il était sans doute très indiqué de tenter d’établir un bilan social sur la décennie, et très opportunément, l’enquête multisectorielle MICS nous donne l’opportunité de procéder à cet exercice en fournissant et la méthode et les outils appropriés. En effet, dans le cadre du Sommet Mondial pour les Enfants tenu en 1990 au siège des Nations Unies à New York, les Etats participants, dont la République Fédérale Islamique des Comores, se sont engagés à réaliser, à l’horizon 2000, les objectifs arrêtés en faveur de la protection, de la survie, et du développement de l’enfant, conçus désormais comme des impératifs, relevant de l’ordre juridique. Ces objectifs, auparavant limités principalement aux domaines de la santé, de l’éducation et de la nutrition, intègrent désormais d’autres secteurs qui concernent son environnement matériel (l’habitat), socio-familial (la situation de la mère), et juridique (respect des droits reconnus et protection contre toutes les formes d’exploitation). Mais ce qui constitue la nouveauté et l’originalité de la nouvelle approche, c’est qu’elle fonde désormais en droit ce qui, auparavant, était conçu et énoncé en termes de besoins. C’est précisément dans cet esprit qu’a été élaborée et adoptée en 1989 la Convention Relative aux Droits de l’Enfant, assortie de plusieurs recommandations, notamment celle de procéder, au terme de la décennie, à une évaluation des progrès accomplis par rapport aux objectifs fixés par le Sommet Mondial pour les Enfants et par la Convention. Conformément à cette recommandation, le Gouvernement et plusieurs Organisations de coopération compétentes, en particulier l'UNICEF, ont décidé de joindre leurs efforts pour établir ce bilan. Sur le plan méthodologique, c’est la technique de l’Enquête à indicateurs multiples (MICS, selon les initiales en langue anglaise) qui a été recommandée et retenue par les Autorités, et cela pour plusieurs raisons. En règle générale, les enquêtes portent sur un secteur d’activités et se pratiquent selon une périodicité plus ou moins régulière, plus ou moins longue. Comme les objectifs du SME concernent plusieurs secteurs qui doivent simultanément fournir des données, seule la MICS satisfait à ces exigences. Elle permet aussi aux pays en voie de développement qui n’ont pas la possibilité de réaliser régulièrement des enquêtes de couverture ou d’évaluation d’impact, de disposer, à un moment précis de données fiables qui leur permettent de prendre les décisions qui s’imposent. Enfin, en acceptant d’adopter une méthode uniformisée pour la collecte des données, les Pays se donnent la possibilité de procéder à des comparaisons significatives entre eux… 12 La conception technique et la mise en œuvre de l’enquête ont été confiées à la direction de la statistique (Direction Générale du Plan ) en collaboration avec les départements techniques des secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice. Le Rapport comprend trois parties principales. La première décrit la méthodologie de l’enquête, en présentant le plan d’échantillonnage, le questionnaire et enfin la collecte des données. A l’occasion, on a procédé à un exposé des problèmes méthodologiques rencontrés et expliqué les adaptations introduites pour tenir compte de la spécificité du milieu. De même, des explications sont fournies pour rendre compte de certaines données qui paraissent biaisées ou aberrantes, en fonction de critères pertinents explicités dans d’autres sources, ou en fonction de défaillances constatées dans le déroulement de l’enquête. Les difficultés techniques et matérielles rencontrées ont été également exposées. La deuxième partie analyse les caractéristiques de l’échantillon et la qualité des données. Et dans la troisième et dernière partie, sont présentés les résultats obtenus, par secteurs et surtout par modules qui coïncident chacun avec les objectifs du Sommet pour les Enfants. 13 II. METHODOLOGIE DE L’ENQUETE. II.1. Organisation générale de l’enquête. Dans le cadre du suivi des objectifs du Sommet Mondial pour les Enfants (SME) tenu à New York en 1990, le Gouvernement comorien et l’UNICEF ont entrepris en décembre 1999 d’organiser l’évaluation des résultats obtenus durant la décennie 1990-2000. A cet effet, ils ont tenu des réunions d’information, de concertation et de mobilisation avec leurs partenaires du développement social qui ont accepté d’apporter leurs contributions pour le succès de cet exercice, suivant la répartition ci-après: - UNICEF : appui technique et financement de la majeure partie de l’enquête. - PNUD : collecte des données à Mohéli et financement d’une partie de l’analyse des données. - OMS : impression d’une partie des documents techniques(questionnaires…). - FNUAP : impression d’une partie des documents techniques. - CARE International : éléments fongibles pour le secrétariat. - Mission Française de Coopération : Fourniture du papier. La conception technique et la mise en œuvre de l’enquête ont été confiées à la Direction de la Statistique (Direction Générale du Plan) en collaboration avec les départements techniques des secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice. La Direction de la Statistique a élaboré un document de planification de la MICS prévoyant : • La création d’un comité technique inter-sectoriel pour assurer en temps utile l’adaptation et la validation du questionnaire, la formation des enquêteurs et l’analyse des données. • L’équipement à acquérir (matériel informatique, matériel anthropométrique etc.), • Le chronogramme des activités des différentes phases de l’enquête, • Les besoins en personnel d’exécution aux différents niveaux (enquêteurs, contrôleurs…), • Les besoins en moyens logistiques (véhicules, carburant…). II.2. Plan de sondage Les Comores ont réalisé une EDS2 (Enquête Démographique et de Santé), mais comme cette dernière date de 1996, il s’est avéré nécessaire de réactualiser les données à travers l’enquête MICS, selon un sondage stratifié, à deux degrés, en grappes. Les statistiques sociales disponibles, notamment celles de l’EDS/1996, montrent que le secteur de résidence (Urbain/Rural) a un impact notable sur la situation socio-sanitaire des enfants et des femmes. Pour cette raison, le secteur de résidence (urbain et rural) a été utilisé comme variable de stratification du pays. L’enquête vise à fournir des estimations pour l’ensemble du pays et pour chacune de ces deux strates. Dans chaque strate, en utilisant comme base de sondage la liste des Zones de Dénombrement (ZD) du recensement général de 1991, l’on a procédé à un tirage à deux degrés de la manière suivante : • Un tirage des unités primaires de sondage équivalant aux ZD, avec une probabilité proportionnelle à la taille des ZD, en nombre de ménages. Au recensement de 1991, les ZD ont été définies par des portions de territoire d’une centaine de ménages environ. • Un tirage systématique de 20 ménages dans chaque ZD-échantillons avec probabilité égale. La liste des ménages de chaque ZD a été actualisée avant le tirage des ménages. 2 Enquête similaire à la MICS et dont l’échantillon peut être avantageusement utilisé pour la MICS. 14 La taille de l’échantillon utile a été déterminée par la procédure classique3 des MICS à 4400 ménages. Pour réaliser une bonne couverture du pays, le nombre de grappes a été fixé à 218, reparties entre les deux strates, proportionnellement à leur poids démographique4, soit 147 grappes en milieu rural et 71 en milieu urbain. II.3 Questionnaires. Trois types de questionnaires ont été utilisés : Le questionnaire ménage. Il concerne l’habitat, les éléments de confort et quelques caractéristiques socio-démographiques des membres du ménage. Il comporte 6 modules : - Caractéristiques de l’habitat, - Enregistrement des membres du ménage et Orphelinat, - Education, - Travail des enfants, - Eau et Assainissement, - Sel iodé, Le questionnaire femme. Il concerne les femmes âgées de 15 à 49 ans et comprend les 6 modules suivants : - mortalité maternelle, - mortalité des enfants, - anatoxine tétanique (TT), - santé de la mère et du nouveau-né, - utilisation de la contraception, - VIH/SIDA. Ces modules permettent de déterminer les différents indicateurs liés à la santé des femmes et des enfants. Le questionnaire enfants. Ce questionnaire bien qu’il concerne les enfants, s’adresse plus particulièrement aux mères ou aux personnes en charge des enfants dans le ménage. Il s’agit également d’un questionnaire individuel et comprend les 7 modules suivants : - enregistrement des naissances et l’éducation préscolaire, - vitamine A, - allaitement, - traitement des maladies, - paludisme, - vaccination, - anthropométrie. Ces instruments ont été développés à partir du questionnaire standard pour tenir compte du contexte comorien et des préoccupations des divers programmes. Les modifications réalisées se présentent comme suit : A la question Q7 du questionnaire ménage, les régions ont été remplacées par les unités administratives existantes : île, préfecture, canton, localité. • A la question Q8, les matériaux du sol a été remplacé par des éléments de l’habitat (toit, murs et sol). • Dans la question Q10, une sous question (Q10A) a été ajoutée pour prendre en compte certains éléments de confort du ménage, permettant d’apprécier le niveau de vie des ménages. 3 Voir détails en annexe. 4 Environ 70% en milieu rural et 30% en milieu urbain. 15 • Ajout de la question (Q10B) sur le principal combustible. • A la Q20 et Q22, du module Education, jardin scolaire est remplacé par préscolaire, en raison de la quasi-inexistence de ce type d’enseignement. • Ajout à la question Q4, du module sur la mortalité maternelle du questionnaire femme, les sous-questions Q4A à Q4D pour pouvoir déterminer le taux de mortalité maternelle. • Ajout des questionnaires supplémentaires : Q5 à Q10 à la demande du Programme de la Santé de Reproduction, pour le module sur la contraception. • Ajout à la question Q17 du module sur le VIH/SIDA, des sous-questions Q17A à Q17F pour élargir le champ d’activités du Programme SIDA. • La question Q15 du module sur la vaccination du questionnaire enfants de moins de cinq ans, a été modifiée, et la partie concernant les campagnes de vaccination a été supprimée (au cours de la période de référence il n’y avait pas eu de campagne de vaccination). Ces modifications ayant été effectuées, le questionnaire a été validé par la cellule de coordination et le comité technique intersectoriel. Le questionnaire n’a pas été traduit en langue nationale. Toutefois la formation de tout le personnel de l’enquête a été réalisée en comorien. II.4. Collecte des données. La réalisation de l’enquête MICS a nécessité le recrutement du personnel de terrain suivant: - Pour Mohéli : 1 superviseur, 1 chef d’équipe et 7 agents de collecte. - Pour Anjouan : 3 superviseurs, 4 chefs d’équipe et 30 agents de collecte. - Pour la Grande Comore : 2 superviseurs, 10 chefs d’équipes et 56 agents de collecte. La formation a eu lieu dans la capitale de chaque île suivant le calendrier ci-après : - A Mohéli, formation des chefs d’équipes du 26 au 27 septembre 2000 et des agents- enquêteurs du 28 septembre au 4 octobre 2000. - A la Grande Comore, formation des chefs d’équipe du 3 au 4 octobre 2000 et des enquêteurs du 5 au 11octobre 2000. - A Anjouan, la formation s’est déroulée du 23 au 27 octobre 2000 pour les chefs d’équipes et du 28 octobre au 7 novembre 2000 pour les agents. A la fin de chaque formation, deux jours étaient consacrés au test du questionnaire pour : - évaluer son assimilation par les enquêteurs et contrôleurs, - estimer la durée approximative de chaque interview, et identifier les difficultés qui peuvent être au niveau de l’interprétation des questions posées. Tout comme la formation, la collecte n’avait pas démarré en même temps dans les trois îles. Elle s’est déroulée du 5 au 19 octobre à Mohéli, du 12 au 30 octobre 2000 à la Grande Comore et du 8 au 20 novembre 2000 à Anjouan. La collecte des données a connu un certain nombre de difficultés dont les principales sont : - un grand retard dans la mise à disposition des fonds et du matériel de terrain requis par l’équipe technique du MICS pour le démarrage des travaux, - l’insuffisance du matériel anthropométrique (15 balances et 15 toises au lieu des 25 prévus pour chacun de ces deux équipements) par rapport aux 17 équipes (91 agents) engagées sur l’ensemble des trois îles. - l’insuffisance des questionnaires ménage à Anjouan (12 ménages ont été enquêtés sur les 20 prévus par grappe). II.5 Exploitation des données L’exploitation des données a démarré avec un grand retard et s’est déroulé au début, au siège de l’UNICEF, et ensuite à la Direction de la Statistique. Elle a commencé fin octobre 2000, 16 après la collecte à Mohéli et s’est achevée à la fin du mois de décembre 2000. Au total, cette phase d’exploitation a comporté quatre étapes liées, à savoir : - la vérification et codification - la saisie et édition des donnés. - l’apurement - la tabulation Aux Comores, on a utilisé les programmes Epi Info pour la saisie et l’apurement des données, et SPSS pour la tabulation. Toutefois, DBASE a été utilisé pour certains contrôles non prévus par les programmes EPI Info. La vérification et la codification consistaient en un contrôle d’exhaustivité de l’échantillon, un contrôle de la cohérence des données et la codification de certaines variables. Elle s’est déroulée du 21 octobre à fin novembre 2000 et a employé 20 agents et un chef d’équipe. La saisie a été réalisée par 4 équipes de 5 opérateurs supervisés par 2 chefs d’équipes qui avaient été formés et sélectionnés en même temps que les enquêteurs. Ces opérateurs avaient suivi une formation de quatre(4) jours. Cinq (5) ordinateurs avaient pu être difficilement rassemblés pour le démarrage de la saisie. L’insuffisance de l’équipement informatique n’a pas permis de respecter certaines recommandations, notamment la double saisie de 100% des questionnaires, la saisie des données parallèlement à la collecte des données…La double saisie a été réalisée à hauteur de 10 % du total des questionnaires et a concerné les questionnaires de Mohéli. L’apurement des fichiers (opération de contrôle de structures, de cohérences de données et correction des erreurs éventuelles) a été réalisé du 15 décembre 2000 au 20 janvier 2001. La tabulation quant à elle, a servi à sortir les 42 principaux tableaux nécessaires pour l’analyse des données du MICS. Elle s’est déroulée du 27 décembre 2000 au 26 janvier 2001. L’exploitation des données a connu une autre contrainte importante : l’instabilité extrême du courant électrique et ses nombreuses coupures qui, outre les pertes de temps, détruisaient chaque jour environ 50% du travail fourni, pour les ordinateurs qui n’étaient pas munis d’onduleurs. Ceci entraînait souvent des pertes de données. III. CARACTERISTIQUES DE L’ECHANTILLON ET QUALITE. DES DONNEES. Après la présentation de la méthode, des problèmes et des adaptations liés à sa mise en œuvre et des tableaux produits pour l’analyse, on va procéder, à travers les pages qui suivent, à une évaluation de la qualité des données, puis à une présentation des principales caractéristiques socio-démographiques des répondants. Cette partie abordera successivement : • les taux de couverture des ménages et des enquêtés, • la qualité des données sur l’âge des répondants, • la qualité des données par module du questionnaire, • les caractéristiques de l’échantillon et des répondants. III.1 Taux de couverture des ménages et des enquêtés. La taille de l’échantillon utile a été estimée par calcul à 4400 ménages comme indiqué plus haut dans la partie méthodologie. Mais sur le terrain, particulièrement dans l’île d’Anjouan, l’échantillon prévu a été sensiblement réduit en raison de l’insuffisance des questionnaires. Le tableau 0 ci-dessous indique pour chaque île le nombre de ménages théoriquement prévu et le nombre de ménages finalement sélectionnés sur le terrain. 17 Tableau 0: Nombre de ménages théoriquement prévus et nombre de ménages effectivement interviewés. Ile Nombre prévu de ménages à sélectionner Nombre de ménages effectivement interviewés Mohéli Anjouan Gde comore Ensemble 280 1760 2360 4400 289 1042 2347 3678 (soit 84%) La réduction du nombre de ménages à Anjouan s’est traduite par la sélection d’une douzaine de ménages dans chaque grappe au lieu de la vingtaine prévue. En outre, à la Grande Comore, deux grappes entières n’ont pas été enquêtées pour la même raison. Le manque de 722 ménages sur l’ensemble du pays, essentiellement à Anjouan, entraîne une certaine réduction de la précision des estimations, principalement au niveau de cette île, et de manière non négligeable pour l’ensemble du pays. Partant des 3678 ménages effectivement enquêtés, les taux de réponses des ménages et des personnes enquêtés se présentent comme indiqué au tableau 1 ci-dessous. Tableau 1: Nombre de ménages et de femmes, et taux de réponse, Comores, 2000 Urbain Rural Total Ménages effectivement sélectionnés 1166 2512 3678 Ménages Occupés 1166 2512 3678 Ménages enquêtés 1165 2512 3677 Taux de réponse des ménages 99.9 100.0 100.0 Femmes Eligibles 2086 4264 6350 Femmes Interviewées 1673 3569 5242 Taux de réponse des femmes 80.2 83.7 82.6 Enfants de moins de 5 ans 1707 3893 5600 Enfants interviewés de moins de 5 ans 1504 3366 4870 Taux de réponse enfants 88.1 86.5 87.0 Ce tableau appelle trois observations : d’abord, le taux de réponses des ménages (100%) doit être nuancé par le fait que sur le terrain, des remplacements ont été faits pour les ménages où l’on ne trouvait personne après deux ou trois passages. Ces remplacements restent d’ampleur limitée, mais ils n’ont pas été systématiquement comptés et documentés. Ensuite le taux de réponses des femmes de 15-49 ans (82,6%) est plutôt bas; les 17% de non-enquêtées pourraient être spécifiques et occasionner un biais par leur absence. Mais ce biais est minimisé par le fait qu’au moins on a enquêté une femme de 15-49 ans dans chaque ménage. Enfin, le taux de réponses concernant les enfants de moins de cinq ans (87%), bien que supérieur à celui des femmes, reste insuffisant. Mais ici, on a également enquêté au moins un enfant de moins de cinq ans dans chaque ménage. III.2 La distribution par âge des enquêtés L’âge est une variable démographique de base essentielle dans une étude comme la MICS. Presque tous les indicateurs, en particulier ceux relatifs aux enfants, ont une grande sensibilité par rapport à l’âge et par suite, une mauvaise connaissance de celui-ci par les enquêtés affecte pratiquement tous les résultats. Les données de la MICS des Comores s’avèrent précisément 18 être entachée d’importantes erreurs en raison d’une mauvaise appréciation des âges. Parmi les enfants présentés comme ayant moins de cinq ans par les mères, pour 22 %, on n’a pas pu avoir la date de naissance précise. Tableau 2: Distribution de la population des ménages par année d’âge et par sexe, Comores, 2000 Masculin Féminin Masculin Féminin Age (ans) Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Age (ans) Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage 0 560 4.2 497 3.6 37 101 0.8 136 1.0 1 572 4.3 489 3.5 38 139 1.0 133 1.0 2 575 4.3 516 3.7 39 75 0.6 100 0.7 3 606 4.6 626 4.5 40 280 2.1 262 1.9 4 580 4.4 574 4.2 41 51 0.4 37 0.3 5 499 3.8 378 2.7 42 116 0.9 49 0.4 6 409 3.1 443 3.2 43 46 0.3 40 0.3 7 430 3.2 385 2.8 44 47 0.4 30 0.2 8 488 3.7 420 3.0 45 162 1.2 114 0.8 9 345 2.6 352 2.5 46 47 0.4 34 0.2 10 499 3.8 424 3.1 47 65 0.5 31 0.2 11 289 2.2 256 1.9 48 58 0.4 44 0.3 12 376 2.8 329 2.4 49 50 0.4 102 0.7 13 301 2.3 310 2.2 50 231 1.7 213 1.5 14 288 2.2 366 2.6 51 23 0.2 13 0.1 15 342 2.6 415 3.0 52 51 0.4 58 0.4 16 263 2.0 364 2.6 53 30 0.2 26 0.2 17 236 1.8 302 2.2 54 37 0.3 29 0.2 18 301 2.3 341 2.5 55 81 0.6 54 0.4 19 188 1.4 241 1.7 56 38 0.3 25 0.2 20 284 2.1 452 3.3 57 17 0.1 29 0.2 21 90 0.7 149 1.1 58 32 0.2 23 0.2 22 131 1.0 276 2.0 59 18 0.1 8 0.1 23 115 0.9 217 1.6 60 168 1.3 150 1.1 24 104 0.8 146 1.1 61 7 0.1 6 0.0 25 212 1.6 313 2.3 62 22 0.2 15 0.1 26 102 0.8 183 1.3 63 9 0.1 11 0.1 27 114 0.9 220 1.6 64 12 0.1 5 0.0 28 150 1.1 246 1.8 65 52 0.4 35 0.3 29 80 0.6 127 0.9 66 9 0.1 9 0.1 30 289 2.2 432 3.1 67 8 0.1 7 0.1 31 55 0.4 87 0.6 68 10 0.1 19 0.1 32 126 1.0 174 1.3 69 5 0.0 7 0.1 33 83 0.6 115 0.8 70+ 218 1.6 197 1.4 34 80 0.6 88 0.6 Manquant 461 3.5 155 1.1 35 202 1.5 212 1.5 36 107 0.8 142 1.0 Total 13247 100.0 13813 100.0 Le tableau 2 ci-dessus qui donne la distribution des enquêtés par année d’âge et le graphique 1, ci-après, montrant la pyramide y afférente montrent ce qui suit : ƒ Les enfants de moins de cinq ans représentent 20,7% de la population des ménages enquêtés. Ceci va à l’encontre des estimations du recensement général de 1991 et de l’enquête EDS de 1996 qui donnent respectivement 14,6% et 14,5%. Les données de la MICS souffrent vraisemblablement d’une importante distorsion à ce niveau. Il semble que les mères aient rajeuni leurs enfants. En effet, ces trois dernières années, le pays connaît une crise sans précédant. Donc, cette distorsion pourrait s’expliquer en partie par les migrations des adultes d’Anjouan vers les autres îles. 19 ƒ La pyramide par année d’âge montre au niveau des adultes d’impressionnants effets d’attraction des âges ronds, tant au niveau des hommes qu’à celui des femmes. ƒ Le calcul de l’indice de Whipple (Iw) pour quantifier la magnitude de l’attraction des âges ronds confirme les observations, avec Iw=2,04 pour l’ensemble. On estime5 en général que si Iw est supérieur à 1,75, les données sur l’âge sont très grossières. L’indice de MYERS, en plus des âges terminés par 0 et 5, montre une légère attraction des âges terminés par 8. Mais l’indice combiné des Nations unies montre aussi que cette distorsion pourrait s’expliquer par la taille de la population enquêtée et l’effet des migrations (Annexe A). -6 -4 -2 0 2 4 6 A g e en a n n ée Population en % 0 5 10 20 30 40 50 60 70+ Hommes Femmes Figure 1: Pyramide par année d’âge, selon l’échantillon de la MICS des Comores. Tableau 3: Pourcentage de cas d’informations manquantes, Comores, 2000 Population de Référence Pourcentage de manquant Nombre Niveau d'Education Membres du ménage 3.7 10598 Classe Membres du ménage 3.5 10564 Nombre d'heures de travail hors ménage Les enfants âgées de 5-14 ans qui travaillent 33.1 1785 Date de naissance complète Femmes âgées de 15-49 ans 13.3 5242 Date de la dernière dose de TT Femmes ayant eu une naissance vivante durant l’année précédant l’enquête 15.1 384 Testées pour le VIH Femmes âgées de 15-49 ans 1.9 4570 Date Naissance complète Enfants de moins de 5 ans 0.0 4870 Diarrhée au cours des 2 dernières semaines Enfants de moins de 5 ans 1.1 4870 Poids Enfants de moins de 5 ans 0.0 4870 Taille Enfants de moins de 5 ans 4.3 4870 5 Voir « Structures par age en Afrique » par D. Waltispergé et all. ; Groupe de Démographie Africaine ; 1983 20 III.3 Qualité des données par module du questionnaire. Modules du Questionnaire Observations • Caractéristiques de l’habitat. • Eau et assainissement. • Sel iodé. Les données sont de qualité tout à fait acceptable, mais concernant les pourcentages de population ayant accès à l’eau potable ou à des latrines salubres, il est nécessaire de procéder à une adaptation des concepts aux réalités des Comores. • Education préscolaire. • Education de base. • Alphabétisation des adultes. L’école coranique est une réalité omniprésente aux Comores et cette réalité a certainement influencé les données du préscolaire et de l’alphabétisation des adultes. Pour l’éducation de base, les questions ED18 et ED19 ont été mal comprises par les répondants avec 22% de non-réponse. Au moment de l’enquête, certaines écoles fonctionnaient mais d’autres étaient en vacances ou en grève. Les taux nets de fréquentation scolaire qu’on en déduit (30%) sont de loin inférieurs aux statistiques de routine du Ministère de l’Education Nationale qui donnent un Taux Net de scolarisation de 60% pour l’année scolaire 1998/1999. On a estimé plus approprié de considérer plutôt les données statistiques du ministère de l’éducation. Mais il faut noter que les grèves à répétition ont une incidence non négligeable sur la fréquentation scolaire des enfants surtout en milieu rural. • Les orphelins. • Le travail des enfants. • Enregistrement des naissances. Données normales, mais une analyse approfondie nécessite une production de tableaux supplémentaires. • Mortalité des enfants. • Mortalité maternelle. Des distorsions dues en particulier aux mauvaises déclarations sur les âges des enquêtés font que les estimations de ces indicateurs ne représentent que des ordres de grandeur. • Anatoxine tétanique. Données satisfaisantes: sur 5242 femmes interviewées, il y a 1247 qui ont eu une naissance dans les 12 derniers mois précédents l’enquête. • Soins prénatals et assistance à l’accouchement. • PF et VIH/Sida. Données normales permettant d’accéder à un rapport de qualité. • Vitamine A. Données imprécises avec 35% de non-réponses. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la question n’a pas été claire pour les enquêtées. Les enquêteurs n’avaient pas de capsules de vitamine A à la Grande comore et à Anjouan pour montrer aux femmes à titre d’illustration de la question. Mais cela pourrait s’expliquer aussi par le fait que le programme de distribution de vitamine A a cessé depuis quelques années. • Allaitement maternel. 5 % des nourrissons n’ont pas été allaités entre 0 et 1 mois. Cette proportion est très importante. Cela reflète- t-il un phénomène réel ou une mauvaise 21 compréhension par les enquêtées et mauvaise interprétation des enquêteurs. • Traitement des maladies des enfants (diarrhées, IRA…). • Paludisme. Les données sont assez claires pour les diarrhées, mais les IRA sont assimilées à la toux et le paludisme à la fièvre; ce qui induit des réponses approximatives, et des données peu fiables, difficiles à utiliser pour des comparaisons. • Couverture vaccinale des enfants de 12-23 mois Données cohérentes. • Mesures anthropométriques Par rapport à la population de référence, les 4870 enfants de moins de cinq ans identifiés sont répartis comme suit : ƒ 3,5 % dont la taille ne correspond pas à l’âge donné (1); ƒ 2,5 % dont le poids ne correspond pas à la taille donnée(2) ; ƒ 17,4% présentent les deux anomalies 1&2 ci- dessus ƒ 0,1% dont le poids ne correspond pas à l’âge donné (3) ; ƒ 0,4% présentent les deux anomalies : 1&3 ƒ 4,8% présentent les deux anomalies :2&3 ƒ 5,4%présentent les trois anomalies : 1,2 &3 ƒ 66% ont tous les paramètres pour calculer les différents index anthropométriques. Donc en tout ce sont 34% des enfants qui ont été exclus des calculs des indices nutritionnels pour raisons de mesures incohérentes. Les tableaux d’analyse de données portent donc sur 66 % des enfants et dans ces conditions, il n’est pas exclu qu’il y ait des biais. Le matériel anthropométrique adéquat était insuffisant en raison du grand nombre d’enquêteurs engagés. De plus, la formation était également insuffisante, en particulier à Anjouan. Ces données sont à prendre avec beaucoup de précautions, en particulier pour les comparaisons. Les 3210 enfants qui ont fait l’objet de l’analyse sont repartis comme suit : ƒ 8% à Mohéli, 31% à Anjouan et 61% en Grande Comore. ƒ 33% d’origine Urbaine et 67% d’origine rurale III.4 Caractéristiques des ménages et des enquêtés Le tableau 4 ci-dessous donne une répartition des ménages par caractéristiques socio- démographiques. Les points saillants sont les suivants: • L’échantillon des ménages est urbain à 32% et rural à 68%, • Les ménages proviennent de l’île de Ngazidja à 64%, d’Anjouan à 28% et de Mohéli à 8%. • Le nombre moyen de résidents par ménage est de 6 pour l’ensemble du pays. 22 • Il y a de fortes chances de trouver dans chaque ménage au moins une femme de 15-49 ans ou un enfant de moins 15 ans ou de moins de 5 ans Tableau 4: Distribution des pourcentages de ménages par principales caractéristiques, Comores, 2000 Pourcentage Nombre Pondération Mohéli 7,9 289 289 Anjouan 28,3 1042 1042 Grande Comore 63,8 2347 2347 Urbain 31,7 1166 1166 Rural 68,3 2512 2512 Taille du ménage 1 0,1 5 5 2-3 4,7 172 172 4-5 21,3 785 785 6-7 28,4 1045 1045 8-9 23,4 859 859 10+ 22,1 812 812 Total 100 3678 3678 Au moins 1 enfant d’âge < 15 99,6 3678 3678 Au moins 1 enfant d’âge < 5 97,0 3678 3678 Au moins 1 femme d’âge 15-49 99,5 3678 3678 La répartition des femmes de 15-49 ans par caractéristiques socio-démographiques est donnée au tableau 5. On observe essentiellement que: • La répartition des femmes par île et par secteur de résidence est similaire à celle des ménages; ce qui est normal. • La répartition des femmes par groupe d’âge est maximale à 15-19 ans (21,6%), minimale à 44-49 ans (5,1%), mais l’évolution entre ces extrémités est irrégulière, sans doute à cause des erreurs de déclaration sur l’âge. • Les femmes de 15-49 ans seraient mariées à 65% et célibataires à 26%. Ces pourcentages sont sensiblement différents de ceux de EDS/1996 qui donne 54% de “mariées / en union” et 40% de célibataires. • Parmi les femmes de 15-49 ans, 70% ont déjà mis au monde au moins une naissance vivante. • Les femmes de 15-49 ans sont sans éducation formelle à 55%, elles ont une éducation du niveau primaire à 16% et une éducation du niveau secondaire et plus à 17 %. 23 Tableau 5: Distribution des pourcentages des femmes de 15-49 ans par principales caractéristiques, Comores, 2000 Pourcentage Nombre Pondération Mohéli 7,3 381 400 Anjouan 30,4 1594 1615 Grande Comore 62,3 3267 3227 Milieu de résidence Urbain 22,5 1179 1673 Rural 77,5 4063 3569 Age 15-19 22,1 1157 1131 20-24 18,7 981 988 25-29 18,7 982 994 30-34 15,6 815 825 35-39 12,7 667 680 40-44 7,0 365 356 45-49 5,2 274 268 Statut matrimonial Marié(e)/en union 64,8 3393 3395 Etait mariée 9,1 477 476 Jamais mariée 26,1 1365 1365 A donnée naissance à des enfants Oui 70,3 3684 3692 Non 29,7 1557 1549 Niveau d'éducation de la mère Aucun 57,3 3005 2897 Primaire 19,0 994 980 Primaire 19,0 994 980 Secondaire et + 20,7 1087 1209 Secondaire et + 20,7 1087 1209 Programme non-formel 1,7 92 93 Programme non-formel 1,7 92 93 Total 100 5242 5242 Total 100 5242 5242 Quant aux enfants de moins de 5, le tableau 6 ci-dessous indique leur distribution selon des variables socio-démographiques similaires. On observe que: • Ces enfants se composent de 51,6% de garçons et de 48,4% de filles. Cette situation est dans l’ordre des choses même si dans la population totale de l’échantillon les femmes sont majoritaires (51%). 24 • Leur répartition par île et par secteur de résidence est similaire à la répartition des ménages. • La répartition par âge des enfants est atypique car elle augmente régulièrement de 0 à 3 ans de 19% à 21,8% avant de décroître à 19,4% à 4 ans. Ce phénomène est à mettre sur le compte des erreurs de déclarations d’âge. • Parmi ces enfants de moins de cinq ans, 64% sont de mères sans instruction, 16% de mères d’instruction primaire et 16.7% de mères d’instruction secondaire et plus. Tableau 6: Distribution des pourcentages des enfants de moins de 5 ans par principales caractéristiques, Comores, 2000 Pourcentage Nombre Pondération Masculin 51,9 2529 2515 Féminin 48,1 2341 2355 Mohéli 7,7 374 387 Anjouan 33,0 1609 1565 Grande Comore 59,3 2887 2918 Urbain 20,8 1014 1504 Rural 79,2 3856 3366 Age < 6 Mois 9,6 469 462 6-11 Mois 9,4 457 461 12-23 Mois 19,6 956 956 24-35 Mois 20,1 979 984 36-47 Mois 21,8 1062 1058 48-59 Mois 19,4 942 943 Niveau d'éducation de la mère Aucun 67,0 3264 3119 Primaire 15,3 746 777 Secondaire 14,3 697 815 Programme non-formel 2,0 95 96 Programme non-formel 2,0 95 96 Total 100,0 4870 4870 25 IV/ LES RESULTATS. A1 MORTALITE INFANTILE ET JUVENILE. Le niveau et la structure de la mortalité des jeunes enfants de moins de cinq ans sont maintenant internationalement reconnus comme des indicateurs particulièrement révélateurs du niveau de développement social des Pays. Ils constituent, avec le taux d’alphabétisation des adultes et le produit national brut par habitant, les trois indicateurs entrant dans la définition de l’indice de développement humain du PNUD. De plus en plus, les pays s’efforcent de mesurer ces indicateurs au moins deux ou trois fois par décennie. Aux Comores, au cours des dix dernières années, la mortalité des jeunes enfants a été mesurée au niveau national dans trois enquêtes : • Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 1991, • L’Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 1996, • L’enquête à indicateurs multiples (MICS) en 2000. La MICS a recueilli, à travers son module sur la mortalité des enfants, des données permettant de calculer les parités moyennes des femmes par groupe d’âge et la proportion d’enfants décédés par groupe d’âge des femmes (cf Tableau 7). La méthode de Brass, classique parmi les méthodes indirectes d’estimation de la mortalité des enfants dans les pays à statistiques imparfaites, a ensuite été mise en œuvre. Cette technique utilise les parités moyennes des femmes par groupe d’âge et la proportion d’enfants décédés pour calculer les indicateurs de mortalité des enfants (voir les tableaux des deux pages suivantes). Cette méthode a été également appliquée aux données du recensement général de 1991 sur la mortalité. Tableau 7: Nombre moyen d’enfants nés vivants (CEB) et proportion d’enfants décédés par âge de la mère, Comores, 2000 Nombre moyen des CEB Proportion décédée Nombre de femmes Age (ans) 15-19 0,370 0,033 1157 20-24 1,514 0,068 981 25-29 2,927 0,067 982 30-34 4,531 0,080 815 35-39 6,010 0,098 667 40-44 6,984 0,096 365 45-49 6,987 0,145 274 Total 3,235 0,089 5242 L’application de la méthode de Brass, avec les mêmes hypothèses qu’au recensement de 1991, donne les résultats repris dans le tableau 8 ci-après pour l’ensemble du pays et pour le milieu rural qui compte les 2/3 de la population totale. (Il est apparu hasardeux de tenter des 26 estimations sur de sous populations plus réduites :population urbaine ou populations par sexe…). Tableau 8: Taux de mortalité infantile et Taux de mortalité infanto-juvénile, Comores Taux de mortalité infantile Taux de mortalité infanto- juvénile (des moins de 5 ans) Quotient de mortalité juvénile 4q1 Milieu rural 62 pour 1000 77 pour 1000 17 pour 1000 Total 59 pour 1000 74 pour 1000 15 pour 1000 Date de Référence 1998 La taille de l'échantillon n’a pas permis de calculer les indicateurs pour le milieu urbain. Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 1, 9 Pour comparaison, voici les résultats fournis par les enquêtes précédentes : Quotients RGPH/1991 EDS/1996 Quotient de mortalité infantile 86 pour 1000 77 pour 1000 Quotient de mortalité juvénile 48 pour 1000 29 pour 1000 Quotient de mortalité infanto-juvénile 130 pour 1000 104 pour 1000 Cependant, compte tenu des insuffisances mentionnées sur les données6, il convient de considérer les données de la MICS juste comme des ordres de grandeur. A2 MORTALITE MATERNELLE. Chaque année plus d’un demi million de femmes meurent dans le monde des suites d’une grossesse ou d’un accouchement, alors que l’utilisation des moyens actuels permettrait de prévenir la majorité de ces décès. Ainsi, là où les ressources et l’engagement nécessaires existent, l’application des connaissances actuelles sur les soins maternels et la planification familiale parviennent généralement à réduire les taux de mortalité. Aux Comores, selon les estimations de l’UNICEF/OMS, la mortalité maternelle était de l’ordre de 500 à 950 décès maternels pour 100 000 naissances. Pour la décennie, le Gouvernement comorien, avec le concours de ses partenaires, plus particulièrement l’UNICEF, le FNUAP, l’OMS et le PNUD, avait pour objectifs de : • Réduire de moitié le taux de mortalité maternelle ; • Faciliter l’accès de tous les couples à l’information et aux services permettant d’éviter les grossesses trop précoces, trop rapprochées, trop tardives et trop nombreuses ; • Faciliter l’accès de toutes les femmes enceintes à des soins prénatals, à l’assistance adéquate d’un personnel de santé qualifié pendant l’accouchement et à des services d’orientation-recours pour les grossesses à haut risque et les urgences obstétricales. 6 Voir partie III : Qualité des données et caractéristiques des répondants 27 Au cours de l’enquête MICS, on a collecté des informations concernant la survie des sœurs des enquêtées. A chaque femme enquêtée, on a posé quatre questions sur la survie de ses sœurs : • Combien avez-vous de sœurs (issues de votre mère) qui ont atteint l’âge de 15 ans, y compris celles qui sont aujourd’hui décédées ? • Combien, parmi vos sœurs ayant atteint l’âge de 15 ans, sont en vie aujourd’hui ? • Combien, parmi vos sœurs ayant atteint l’âge de 15 ans, sont aujourd’hui décédées ? • Combien, parmi vos sœurs décédées sont mortes lorsqu’elles étaient enceintes, durant l’accouchement ou durant la période de 6 semaines suivant l’accouchement ? Ces informations nous permettent d’estimer le niveau de la mortalité maternelle en utilisant la méthode indirecte (Graham et al, 1989). C’est la première estimation du taux de mortalité maternelle sur base d’enquête nationale. Cette méthode estime le risque, pour toutes les sœurs, de décéder de causes maternelles durant la période de procréation. L’estimation du niveau de la mortalité maternelle est le reflet des conditions de mortalité qui correspondent à une période dont le milieu se situerait, approximativement à 12 ans avant l’enquête, soit en 1988. L’échantillon permettant d’utiliser cette méthode doit comprendre de 3000 à 6000 femmes. Estimation indirecte de la mortalité maternelle Les données sont agrégées par groupe quinquennal d’âge des enquêtées. Pour chaque groupe d’âges, les informations sur le nombre de décès maternels parmi toutes les sœurs de 15 ans et plus et sur le nombre de sœurs/unités d’exposition au risque, sont utilisées pour estimer le risque de décéder sur la durée de vie par cause maternelle. Il convient cependant de dire que l’estimation faite n’est qu’un ordre de grandeur. Le profil théorique de la structure du risque de mortalité maternelle par groupe d’âge des femmes est régulier avec des maximums aux âges où la femme court le plus de risques de décès maternel (bas âges et âges élevés : moins de 20 ans et plus de 35 ans) et le minimum entre 20 et 34 ans, où la femme a la maturité maternelle. Le profil de la MICS est anormalement irrégulier aux âges élevés entre, 40 et 49 ans, sans doute en raison de la mauvaise déclaration de l’âge. Figure 2 : Risque de mortalité maternelle sur la durée de vie 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 Groupe d'âge R is q u e d e m o rt a lit é m a te rn e lle L’estimation indirecte de la mortalité maternelle est présentée au tableau 8a de la page suivante. Les estimations du risque de décéder sur la durée de vie pour cause maternelle, 28 varient de 0,014 à 0,052 selon le groupe d’âge. Quand on considère l’ensemble des enquêtées, le risque de décès maternel sur la durée de vie est égal à 0,026 ; ce qui veut dire qu’une femme sur 26 court le risque de décéder pour cette cause, pendant les âges de procréation. Cette valeur peut être transformée en une estimation du taux de mortalité maternelle (décès maternels pour cent mille naissancesvivantes). L’estimation centrée à environ 12 ans avant l’enquête soit 1988, est de 517 pour cent mille. L’estimation indirecte fournit ainsi un taux de 517 décès maternels sur 100 000 naissances, ce qui représente une moyenne couvrant une longue période, située approximativement à 12 ans avant l’enquête, soit 1988. En comparant avec Madagascar, le niveau de la mortalité maternelle est presque équivalent. En effet, selon l’enquête EDS malgache de 1997, le taux de mortalité maternelle se situe entre 500 à 600 décès maternels pour 100 000 naissances durant la période 1980-1990. Ces niveaux élevés du taux de mortalité maternelle pourraient s’expliquer par les conditions socio-sanitaires des femmes en âge de procréer. Nombreuses sont les mères qui n’ont pas accès à des services de soins de santé modernes pour des raisons financières. Selon les données de l’enquête EDS de 1996, 57 % les femmes accouchent en dehors de tout établissement sanitaire. De plus, aujourd’hui, les données de la MICS montrent que 38% d’entre elles accouchent avec l’aide de personnes non qualifiées, certains sans aucune aide. 29 Tableau 8a : estimation indirecte de la mortalité maternelle Groupe d’âge Nbre de femmes enquêtées Nbre de sœurs de 15 ans ou plus Nbre de sœurs ajustés* Nbre de sœurs décédées Nbre de décès maternels Facteur d’ajustement pour exposition Unité de risque ajustée Risque de mortalité maternelle sur la durée de vie Proportion de décès maternels 15-19 1083 1787 4148 127 23 0.1070 443,9 0,052 18,1 20-24 954 2136 4959 140 37 0.2060 1021,5 0,036 26,4 25-29 959 2241 5202 133 25 0.3430 1784,4 0,014 18,8 30-34 790 1855 1855 149 24 0.5030 933,1 0,026 16,1 35-39 662 1616 1616 179 31 0.6640 1073,0 0,029 17,3 40-44 344 741 741 84 12 0.8020 594,3 0,020 14,3 45-49 257 575 575 77 14 0.9000 517,5 0,027 18,2 Total 5049 10966 19096 889 166 6368 0,026 18,7 * Le nombre de sœurs dans les trois premiers groupes d’âges a été ajusté en multipliant le nombre d’enquêtées par le nombre moyen des sœurs chez les enquêtées de 30 ans et plus. Le taux de mortalité maternelle (TMM) [ ]( ) 100000*11 1ISFRDVTMM −−= , où ISF est l’indice synthétique de fécondité (5,1 enfants / femme, EDS, 96) et le RDV est le risque de mortalité maternelle sur la durée de vie. [ ]( ) 517100000*026,011 1,51 =−−=TMM pour cent mille naissances 30 B. EDUCATION. Depuis leur accession à l’indépendance en 1975, les Comores ont entrepris une série de réformes tendant à adapter l’enseignement aux réalités socio-économiques nationales et de faire de ce secteur un des leviers du développement. Les objectifs les plus importants restent ceux retenus dans la Réforme de l’Education arrêtée en 1976, en coopération avec l’UNESCO et l’UNICEF, et dont les grandes orientations s’inspiraient du concept « d’éducation communautaire ou éducation de base », développé par ces deux institutions, en concertation avec un certain nombre de pays de la sous-région de l’Afrique de l’Est. Ce concept vise notamment à : • donner à tous les enfants la possibilité de recevoir une éducation de base destinée à les adapter activement à leur milieu physique et humain, qu’ils doivent connaître et maîtriser pour savoir le transformer. • faire de la communauté de base une communauté éducative, participant activement à la formation et à l’éducation des enfants. • ouvrir l’école à la société et en faire un pôle de développement. On peut dire que ces grandes orientations servent depuis de référence à toutes les réformes entreprises et influencent le contenu des lois et règlements en vigueur. En conformité avec ces orientations, et pour répondre à la forte demande d’éducation en croissance continue, les efforts ont porté principalement sur : - le renforcement des capacités institutionnelles, - les constructions et les équipements scolaires, essentiellement au niveau du primaire, - la formation des enseignants, - le développement de l’enseignement technique et professionnel. Pour la clarté du Rapport, on retiendra que deux systèmes éducatifs distincts sont en vigueur aux Comores, et que chaque enfant peut les suivre, parallèlement ou successivement. Il s’agit d’une part de, l’enseignement coranique traditionnel introduit par l’islam, et d’autre part, de l’enseignement moderne, d’inspiration et de conception françaises. Le système éducatif s’organise sur quatre niveaux qui sont : • l’enseignement préélémentaire, • l’enseignement élémentaire ou éducation de base, • l’enseignement secondaire et • l’enseignement supérieur. Compte tenu du cadre fixé à ce rapport, seuls les deux premiers niveaux seront traités. B.1. L’enseignement préélémentaire ou (préscolaire). L’objectif 26 du SME porte sur « l’expansion des activités de développement du jeune enfant, y compris les interventions appropriées à faible coût axées sur la collectivité et sur la 31 famille ».En ce domaine du préscolaire, voici les principaux programmes et actions qui ont été entrepris. L’école coranique. C’est la plus vieille institution d’éducation du Pays. Elle accueille encore- la quasi-totalité des enfants comoriens de l’âge de 3-4 ans jusqu’à la puberté, et même au-delà. Dans sa forme traditionnelle toujours en vigueur, elle échappe à tout contrôle de l’Etat et fonctionne sous l’autorité du seul maître coranique. Pour se faire une idée de l’importance de cette institution, on retiendra qu’en 1999, selon les estimations statistiques du Ministère de l’Education, elle accueillait 95 440 élèves, tous âges confondus, dont 49% de filles. Le taux brut de scolarisation s’établissait alors à 18O,3% pour les garçons et à 177,7% pour les filles, au niveau des trois îles. En raison de son poids démographique, et du fait qu’elle est pratiquement la seule structure d’accueil pour les enfants de 3 à 5 ans visés par la MICS, il est indiqué d’en faire état, même si ses activités ne coïncident pas avec celles généralement organisées pour les jeunes enfants de cet âge. Fonctionnant en symbiose avec la communauté, l’école coranique apparaît à beaucoup d’observateurs comme un modèle possible d’enseignement démocratique, notamment, grâce à sa présence effective sur l’ensemble de toutes les localités, grâce surtout à son mode de recrutement sans discrimination aucune, ni sociale, ni économique, grâce enfin à la mission qu’elle s’était assignée et réussie de scolarisation universelle. Mais la grande considération dont elle jouit tient en grande partie à sa mission première de structure d’intégration sociale par l’éducation islamique. Les enfants y apprennent à lire le coran et les opuscules de base sur les pratiques culturelles que le maître traduit de l’arabe au comorien. Mais, à travers l’enseignement religieux qui y est dispensé, les enfants apprennent aussi de fait les valeurs culturelles de la communauté en même temps que leur pratique. Dans la plupart des cas, les enfants apprennent aussi à écrire les caractères arabes, de sorte que par un phénomène de transfert -non programmé- ceux qui ont fréquenté l’école coranique peuvent communiquer par écrit en transcrivant le comorien avec les caractères arabes. L’enseignement se fait en langue comorienne, et dans de très rares cas, en arabe. Depuis la réforme de l’enseignement de 1976, les Autorités nationales ont pris conscience de l’avantage qu’il y avait à intégrer cet enseignement dans le système public, en y introduisant les activités d’éveil pour les jeunes du préscolaire qui y sont inscrits, tout en maintenant sa vocation religieuse. C’est de cette réflexion qu’est né le concept d’école coranique rénovée. l’école coranique rénovée. Pour développer un enseignement préscolaire accessible au grand nombre, cette formule est sans doute la plus pertinente et la plus prometteuse. Retenue déjà en 1977 par l’Etat comme susceptible d’assurer l’enseignement préscolaire à tous les enfants concernés, l’école coranique traditionnelle a fait l’objet de grands débats lors de la Table Ronde Nationale sur l’Education et l’Alphabétisation et à l’occasion des Etats Généraux de l’Education tenus en 1994 à Moroni. A ces deux occasions, les participants ont tous soutenu l’idée de confier aux écoles coraniques les missions d’un enseignement préscolaire adapté au contexte et à la vocation de cette institution. L’unanimité s’était faite d’autant plus aisément que le Ministère 32 de l’Education avait présenté les résultats obtenus dans la phase expérimentale de cette formule, phase qui s’est déroulée de 1982 à 1987, dans 24 écoles coraniques pilotes réparties sur les 3 îles, grâce à l’appui de l’UNICEF. Mais cette option ne connut jamais le développement qu’elle méritait. En effet, en contrepartie des efforts d’apprentissage, d’adaptation, et de mise en œuvre des nouveaux savoir-faire requis, les maîtres coraniques demandèrent à devenir des salariés de l’Etat. Et devant l’importance de la dépense, celui-ci a reculé, enterrant du même coup un projet qui, à ce jour, n’a rien perdu de sa pertinence… les classes d’éveil. C’est dans le prolongement de la Table Ronde Nationale de 1990 qu’elles furent expérimentées, de 1990 à 1994. D’une durée d’une année, elles étaient conçues pour assurer aux enfants de 5-6 ans une transition d’adaptation entre l’école coranique et l’enseignement primaire à l’accès duquel ils devaient être préparés. Mais pour des raisons en grande partie financières, l’expérimentation a été interrompue. Il faut dire aussi que la Loi d’Orientation de 1994 qui ramenait de 7 à 6 ans l’âge d’entrée à l’école élémentaire rendait caduque l’application de cette formule. les centres préscolaires. Contrairement aux formules précédentes qui sont le fait de l’Etat, ces établissements sont de conception communautaire. Elles se veulent une synthèse harmonieuse entre l’école coranique traditionnelle et l’école maternelle moderne, tout en étant, par leur implantation comme par leur coût, beaucoup plus accessibles que les écoles maternelles. Mais à l’expérience, il faut reconnaître, qu’en réalité, elles sont loin d’être à la portée des familles modestes. De fait, leur véritable intérêt et leur originalité sont d’avoir su prendre en compte la priorité que la grande majorité des parents accordent à la formation religieuse de leurs jeunes enfants. Les écoles maternelles. D’introduction très récente, et très largement influencées par le système éducatif français, elles sont pratiquement privées, urbaines, et relativement chères. Leur nombre est très restreint, et elles sont essentiellement localisées dans les villes principales. Elles organisent les activités d’éveil propres à leur vocation et adaptées aux enfants de 3 à 5 ans. De fait, ces institutions sont très marginales dans le système, et sont l’apanage de familles plutôt aisées qui choisissent ce type d’école avant tout pour assurer à leur progéniture une initiation aussi précoce que possible au maniement du français, dont la maîtrise est considérée comme indispensable à toute réussite scolaire. C’est dire que peu de familles comprennent l’atout capital que représente le préscolaire pour l’éveil et l’épanouissement des enfants. Evaluation des résultats. Après cette revue de toutes les formules et actions en faveur de l’enseignement préscolaire, voici les résultats obtenus, selon l’enquête de la MICS, sont présentés au Tableau 9 suivant. 33 Tableau 9: Pourcentage des enfants âgés de 36-59 mois qui fréquentent une forme organisée de programme d’éducation pré-scolaire, Comores, 2000 Fréquentent un Programme d'éducation préscolaire Nombre d'enfants Masculin 13,42 1013 Masculin 15,25 992 Mohéli 9,80 154 Anjouan 9,01 734 Grande Comore 18,44 1116 Urbain 24,21 421 Rural 11,70 1584 Age 36-47 Mois 9,94 1062 48-59 Mois 19,26 942 Niveau d'éducation de la mère Aucun 11,24 1421 Primaire 15,48 251 Secondaire et plus 27,88 262 Programme non-formel 25,70 48 Total 14,32 2004 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants=> Numéro 26 Comme il apparaît dans ce tableau, 14,3% d’enfants âgés de 36 à 59 mois fréquentent un établissement d’enseignement préscolaire conforme au standard pédagogique propre à ce type d’institution. Le taux des filles, évalué à 15,2%, est supérieur à celui des garçons, 13,4%, sans que l’on puisse réellement interpréter cette différence comme l’expression d’un renversement de tendance dans les traditions familiales en matière de scolarisation. Entre l’île de la Grande Comore, 18,4% et les autres îles crédités respectivement de 9,8% pour Mohéli et 9% pour Anjouan, la différence est assez significative. Cela s’explique par le fait que c’est sur cette île que se trouve Moroni, la Capitale qui concentre la quasi-totalité de la population appartenant à la classe politique, administrative et économique privilégiée, capable de prendre en charge les droits d’écolage. La distribution de ce taux entre le milieu urbain 24% et le milieu rural 11,7% au détriment de ce dernier, tend à confirmer cette réalité. Seuls 9,9% des enfants âgés de 3 ans (37 à 47 mois) fréquentent le préscolaire, tandis que pour leurs aînés âgés de 48 à 59 mois, ce taux est relativement plus élevé, puisqu’il passe à 19,3%. Enfin, on peut noter que le taux des enfants scolarisés est plus élevé (27,9%) quand la mère a atteint une scolarité du niveau du secondaire, contre (15,5%) quand la mère n’a atteint que le niveau du primaire. Ces chiffres tendent à montrer que plus le niveau d’instruction de la mère est élevé, plus le taux de fréquentation des enfants l’est aussi. Nous pensons que ces résultats doivent être pondérés. En effet, si l’on appliquait à la lettre la définition du préscolaire tel que fixée par le questionnaire de l’enquête MICS, on devrait ne tenir compte que des enfants qui fréquentent les seules « écoles maternelles ». Or, selon le 34 questionnaire, on peut penser que dans leurs réponses, les mères ont sans doute tenu compte beaucoup plus de la fréquentation d’un établissement d’enseignement par leur enfant que du type de cet établissement. On peut donc raisonnablement considérer que les chiffres donnés peuvent concerner des établissements autres que les écoles maternelles. Par ailleurs, les statistiques officielles corroborent cette hypothèse, comme cela apparaît dans le tableau ci-après, extrait du Bilan de l’Education Pour Tous à l’an 2000 établi par le Ministère de l’Education Nationale. Tableau 9a : Taux bruts de scolarisation dans les programmes d'éveil et de protection de la petite enfance (PEE) de type communautaire et maternel par sexe. Taux brut de scolarisation dans les PEE privés et communautaires. Taux brut de scolarisation dans les PEE privésRégion MF M F Indice Parité F/M MF M F Indice parité F/M Grande Comore 224,7 222,5 227,1 1,0 2,9 2,9 2,9 1,0 Mohéli 144,2 158,4 129,6 0,8 1,3 1,1 1,4 1,2 Anjouan 141,2 144,0 138,2 1,0 2,2 2,0 2,3 1,1 Comores 179,0 180,3 177,7 1,0 2,4 2,3 2,5 1,1 Zone rurale 209,9 212,9 206,9 1,0 0,3 0,1 0,5 3,9 Zone Urbaine 108,2 108,5 107,8 1,0 7,2 7,3 7,1 1,1 Source : Enquête réalisée en 1999, Direction Générale de la Planification, Ministère de l'Education Nationale. Ce tableau montre que le taux brut de scolarisation dans les classes maternelles proprement dites n’est que de 2,4%, ce qui semble plus près de la réalité, comme c’est le cas aussi pour la distribution par zone qui traduit bien le caractère quasi-urbain de ces institutions, 7,2%, contre 0,7% pour les zones rurales. La parité est pratiquement réalisée avec un léger retard des garçons (2,3%), contre 2,5% pour les filles. Pour se faire une idée de l’évolution toute relative de l’éducation préscolaire, on notera aussi que le taux brut de scolarisation ne croît que très faiblement passant de 1% en 1995 à 2,4% en 1999, selon les données du Ministère de l’Education Nationale. Si l’on se réfère aux résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1991, on doit même reconnaître que ce taux, estimé alors à 5,2%, est en baisse. Dans tous les cas, ces résultats tendent à montrer que l’éducation préscolaire au sens strict ne constitue pas une préoccupation majeure pour les Autorités, puisque à ce jour, il n’existe pas un seul établissement préscolaire public, ni de programmes nationaux, ni de projet de formation des maîtres requis… Les contraintes dans le développement du préscolaire. Pour expliquer cet état de l’éducation préscolaire, les explications ci-après peuvent être avancées. - Méconnaissance par les familles du rôle de cet enseignement pour l’épanouissement de la personnalité de leurs enfants. - Priorité des parents pour l’éducation islamique qu’ils souhaitent aussi précoce que possible, au détriment du préscolaire proprement dit. - Droits d’inscription et d’écolage encore relativement élevé. 35 A ces arguments d’ordre social, il en est d’autres, plus politique et institutionnel comme : - La connaissance toute relative par les Autorités du rôle positif de cet enseignement sur les performances scolaires des élèves, et donc sur l’amélioration du rendement interne du système. - L’insuffisance des ressources financières de l’Etat. Comme on l’a vu, le principal obstacle à la mise en place et à la généralisation du préscolaire, dans le cadre de l’école coranique rénovée, notamment, est d’abord d’ordre financier. En effet, l’Etat ne dispose pas des ressources nécessaires au paiement des salaires des maîtres coraniques recyclés, ni pour institutionnaliser la création des classes d’éveil, ni pour prendre en charge les centres préscolaires. - Le manque de suivi dans les programmes qui ne dépassent pas le stade de l’expérimentation ou s’arrêtent une fois épuisées les ressources allouées par des partenaires extérieurs, principalement l’UNICEF. - Par ailleurs, compte tenu du niveau intellectuel souvent bas des maîtres coraniques, ceux- ci, dans leur grande majorité, ne disposent pas des compétences requises pour leur recyclage. Du coup le Ministère de l’Education se trouvait de fait dans la nécessité de procéder à des recrutements avec des coûts qui dénaturaient complètement le projet initial. - La concentration de ces établissements en milieu urbain. En conclusion, on peut noter que les efforts entrepris pour développer l’enseignement préélémentaire, plus qu’embryonnaire, sont freinés par des contraintes multiples, en grande partie liées à la pénurie de ressources. Dans ces conditions, on doit s’attendre à voir perdurer la situation présente qui fait de l’école préélémentaire un luxe cher, réservé à quelques citadins privilégiés… Pour changer cet état de fait, il est hautement souhaitable de travailler à la reforme de l’école coranique, conformément au concept « d’école coranique rénovée » défini par le Ministère de l’Education Nationale. B.2. L’éducation de base. Communément appelée « enseignement primaire ou élémentaire », elle constitue le deuxième niveau du système éducatif comorien. Elle comprend six années d’études réparties en trois cycles de deux années chacune. Elle accueille les enfants de 6 à 11-14 ans. Elle est prise en charge quasi-intégralement par l’Etat qui a sur elle une tutelle et une autorité totales, contrairement au préscolaire. Depuis 1980, mais surtout depuis ces dix dernières d’années, on assiste à un développement rapide des écoles privées appréciées pour leur fonctionnement continu et régulier, contrairement aux écoles publiques victimes de trop nombreuses grèves. Depuis l’indépendance en 1975, les Autorités du pays ont pris une conscience claire de l’importance qu’il convient d’accorder à ce niveau du système éducatif, et ont cherché à se donner tous les moyens requis pour atteindre les objectifs fixés, dont la scolarisation universelle, ainsi que le stipule la Loi N°80-007 relative à l’Education en son article 2, : « Tout enfant a droit à une formation élémentaire de base… ». Cet objectif rejoint l’un de ceux retenus par le Sommet Mondial pour les Enfants, à savoir « accès universel à l’éducation de base et maintien à l’école primaire d’au moins 80% des enfants d’âge scolaire, tout en réduisant les disparités filles/garçons ». Les moyens déployés sont politiques, juridiques, institutionnels, humains et matériels. Et il faut reconnaître que depuis 1980, et déjà en 1977, des efforts exceptionnels ont été accomplis pour atteindre cet objectif. En l’occurrence, on peut véritablement parler d’une mobilisation 36 générale impliquant les pouvoirs publics, les communautés de base, les Institutions Financières Internationales, principalement la Banque Mondiale qui se sont amplement investis dans le financement des infrastructures scolaires, sans oublier la coopération bilatérale, française notamment, en matière d’assistance technique. Evaluation des résultats obtenus durant la décennie Grâce à ces efforts, des progrès ont été réalisés ces dix dernières années, qu’on peut évaluer, notamment, à partir des données sur l’évolution des taux bruts d’admission. La pertinence de ce taux tient au fait qu’il traduit le niveau global d’accès à l’éducation de base, et surtout le degré de satisfaction de la demande d’éducation. Tableau 10a : Evolution des taux bruts d'admission au niveau national par sexe. 1988/89 1989/90 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 MF 66,3 67,3 76,1 90,2 78,6 79,1 81,4 95,3 78,4 92,4 78,7 M 74,8 79,0 84,5 99,9 86,2 83,7 87,9 102,6 79,2 94,4 83,3 F 58,3 55,3 67,5 80,2 70,8 74,3 74,8 87,8 77,6 85,4 73,9 M/F 0,8 0,7 0,8 0,8 0,8 0,9 0,9 0,9 1,0 0,9 0,9 Source : Enquête réalisée en 1999, Direction Générale de la Planification, Ministère de l'Education Nationale. Ce tableau 10a ci-dessus montre que de 1988/89 à 1998/99, le taux brut d’admission est passé de 66,3% à 78,7% pour les trois îles. Au terme de la période, on note que ce taux est relativement plus élevé pour les garçons (83,3%) que pour les filles, 73,9%. Mais ce qui est remarquable c’est la forte progression de ce dernier chiffre qui n’était que de 58,3% en 1988/89. Mais d’autres indices donnent des résultats mitigés, pour certains indicateurs des performances du système. Ces indicateurs ont été choisis, notamment pour pouvoir établir des comparaisons relativement pertinentes avec les résultats de l’enquête MICS. Il s’agit, d’une part, du Taux Net de Scolarisation (TNS) qui mesure de fait le pourcentage d’inscrits dans l’enseignement primaire ayant l’âge officiel requis, par rapport à la population correspondante, et d’autre part, le taux de déperdition. Tableau 10b : Evolution des taux nets de scolarisation par sexe au niveau national 1988/89 1989/90 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 MF 62.0 63.6 63.2 64.5 66.2 63.9 65.9 51.2 60.4 60.3 60.2 M 67.5 73.4 69.1 70.2 71.5 70.3 71.0 55.7 65.1 65.1 64.9 F 56.2 53.2 57.0 58.5 60.6 57.4 60.5 46.6 55.3 55.3 55.4 M/F 0.8 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.9 0.8 0.8 0.8 0.9 Source : Enquête réalisée en 1999, Direction Générale de la Planification, Ministère de l'Education Nationale. Les variations dans le temps de ce taux traduit bien la relativité des progrès accomplis, puisque de fait, le Taux Net de Scolarisation (ou d’Inscription) a régressé, passant de 62,0% en 1988/89 à 60,2% en 1998/1999. Elles montrent également le retard des filles 55,4% par rapport aux garçons 64,9% en matière d’admission dans le primaire. Signalons que pour 37 l’exploitation des résultats de l’enquête, nous recommandons de retenir ce Taux Net d’Inscription de 60,2%, à la place du Taux Net de Fréquentation (31,2), fourni par le Tableau N°10 ci-après de la MICS. Ce choix s’explique par des considérations en rapport avec le traitement du questionnaire relatif à ce module, mais également et surtout en raison du fait que ce taux est reconnu pour être un indicateur très important de l’évaluation de la fin de la décennie, pour autant qu’il soit récent, ce qui est le cas ici. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est le faible rendement interne du système, comme le montre le tableau ci-après, établi selon la méthode dite de « cohorte reconstituée. ». Tableau 10c : Survivants par année d'études par sexe avec ou sans redoublement au niveau national Niveau d'études CP1 CP2 CE1 CE2 CM1 CM2 Survivants avec/sans redoublement MF 1000 780 663 509 402 319 Survivants avec/sans redoublement M 1000 775 656 516 422 326 Survivants avec/sans redoublement F 1000 782 669 503 387 312 Survivants sans redoublement MF 1000 565 374 228 153 104 Survivants sans redoublement M 1000 573 383 241 169 114 Survivants sans redoublement F 1000 558 367 218 141 96 Source : Enquête réalisée en 1999, Direction Générale de la Planification, Ministère de l'Education Nationale. L’analyse des données montre que seuls 31,9% des élèves admis en première année du primaire (CP1) accèdent à la classe du CM2, terme du cycle de 6 années, après un redoublement au moins. Ce chiffre est plus élevé pour les garçons (32,6%) que pour les filles (31,2%), ce qui signifie que les filles sont les plus nombreuses à ne pas achever le cycle. Mais ce qui traduit le mieux le très mauvais rendement interne du système, c’est le taux de 10% qui représente la proportion des élèves qui atteignent le CM2 sans redoublement. Pour compléter cette analyse de l’Education de base, il est proposé de l’examiner maintenant, à travers les résultats obtenus dans le cadre de l’enquête MICS qui cherche à évaluer des indicateurs que ne prennent pas en compte les statistiques standard de l’éducation nationale. En l’occurrence, il s’agit ici du Taux de Fréquentation. L’analyse du taux de fréquentation de l’éducation de base pour les élèves âgés de 6 à 12 ans donne les indications ci-après : Aux Comores, 31,2% des enfants scolarisables dans l’éducation de base fréquentent un établissement scolaire correspondant. En zone urbaine, ils sont 40,8% à être dans ce cas, contre 29,0% en milieu rural. Quand on examine ce taux par rapport aux îles, on constate qu’il est relativement plus élevé à Mohéli (43,1%) qu’ en Grande Comore (31,2%) ou Anjouan (28,1%). Entre les filles et les garçons, respectivement crédités de 31,1% et 31,3% sur le plan national, il n’y a presque pas de différences. 38 Tableau 10: Pourcentage des enfants d’âge scolaire (primaire) qui fréquentent l’école primaire, Comores, 2000 Masculin Féminin Total Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Mohéli 45,9 256 40,0 235 43,1 490 Anjouan 29,3 961 26,8 918 28,1 1879 Anjouan 29,3 961 26,8 918 28,1 1879 Grande Comore 30,2 1695 32,3 1545 31,2 3240 Grande Comore 30,2 1695 32,3 1545 31,2 3240 Urbain 42,3 537 39,2 513 40,8 1050 Rural 28,8 2374 29,2 2185 29,0 4559 Rural 28,8 2374 29,2 2185 29,0 4559 Age 6 ans 17,5 416 17,5 450 17,5 866 7 ans 23,9 442 26,4 396 25,1 838 7 ans 23,9 442 26,4 396 25,1 838 8ans 27,1 512 33,6 439 30,1 951 8ans 27,1 512 33,6 439 30,1 951 9 ans 36,5 346 33,1 358 34,8 704 9 ans 36,5 346 33,1 358 34,8 704 10 ans 38,4 515 37,1 446 37,8 961 10 ans 38,4 515 37,1 446 37,8 961 11 ans 43,8 299 36,8 267 40,5 566 11 ans 43,8 299 36,8 267 40,5 566 12 ans 36,3 380 36,9 341 36,6 722 12 ans 36,3 380 36,9 341 36,6 722 Total 31,3 2911 31,1 2697 31,2 5608 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 6 Figure 3: Pourcentage d’enfants scolarisables dans le primaire fréquentant une école primaire 39 Pourcentage d'Enfants scolarisables dans le primaire et fréquentant une école primaire/Lieu de résidence. 29 40.8 43.1 28.7 31.2 0 10 20 30 40 50 Rural Urbain M ohéli Anjouan G de Com ore L’autre indicateur visé par la MICS concerne le taux d’enfants scolarisés dans l’éducation de base, admis en 1ère année, et qui atteignent la 6ème année, terme du cycle. Les résultats de l’enquête sont repris dans le tableau 11 ci-après. 40 Tableau 11: Pourcentage des enfants entrant en première année du primaire qui éventuellement arrivent en 5ème année, Comores, 2000 % de réussite du CP1 au CP2 % de réussite du CP2 au CE1 % de réussite du CE1 au CE2 % de réussite du CE2 au CM1 % de réussite du CP1 au CM1 Masculin 61,8 66,2 78,3 69,1 22,1 Masculin 61,8 66,2 78,3 69,1 22,1 Masculin 67,4 69,9 75,5 75,6 26,9 Masculin 67,4 69,9 75,5 75,6 26,9 Mohéli 73,5 64,3 72,5 83,9 28,7 Anjouan 45,9 54,4 62,1 59,7 9,3 Anjouan 45,9 54,4 62,1 59,7 9,3 Grande Comore 67,3 72,3 82,0 72,2 28,8 Grande Comore 67,3 72,3 82,0 72,2 28,8 Urbain 65,0 59,7 60,8 74,7 17,6 Rural 64,4 70,8 82,9 70,5 26,7 Rural 64,4 70,8 82,9 70,5 26,7 Total 64,5 67,9 76,9 71,8 24,2 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 6 Le pourcentage des enfants en première année qui vont éventuellement atteindre la 5ème année du primaire est calculée comme le produit de 4 probabilités ƒ La probabilité que l’enfant en 1er année se rendra éventuellement en 2éme année ƒ La probabilité que l’enfant en 2éme année se rendra éventuellement en 3éme année ƒ La probabilité que l’enfant en 3éme année se rendra éventuellement en 4éme année ƒ La probabilité que l’enfant en 4éme année se rendra éventuellement en 5éme année Exemple : La probabilité que l’enfant en 1er année se rendra éventuellement en 2éme année est : ƒ Le nombre d’enfants qui sont en 2ème au moment de l’enquête (ED 20=2, 02) et qui étaient en 1ére l’an dernier (ED22=2, 01) Divisé par ƒ Le nombre d’enfants qui étaient en 1ére l’an dernier (ED22=2, 01) et qui ont gradué au 2ème ou qui ne sont plus à l’école cette année(ED20=2, 02) Les enfants qui reprennent la première année n’entrent pas dans le calcul car on ignore s’ils peuvent passer ou non à l’année suivante. Le calcul des autres probabilités est similaire : le nombre d’enfants qui sont passés d’une année à une autre divisé par le nombre de ceux qui sont admis ou exclus à cette année. Les 4 probabilités sont ensuite multipliées pour obtenir la probabilité cumulée pour qu’un enfant atteigne la 5ème année parmi ceux qui entrent en 1ère année. Au niveau national, 24,2% des élèves admis en 1ère année, sont susceptibles d’atteindre la cinquieme années de l’éducation de base. Les enfants en milieu rural (26,7%), sont plus nombreux à réussir cette performance que ceux du milieu urbain (17,6). Au niveau de chaque île, Mohéli avec 28,7% est presque en égalité avec la Grande Comore (28,8%) très loin devant Anjouan créditée de seulement 9,3%. C’est aux derniers niveaux du cycle que les taux de passage sont les plus élevés (76,9% et 71,8%) contre 64,5% pour le passage de la 1ère à la 2ème année, et 67,9% pour le passage de la 2ème à la 3ème année de l’éducation de base. On peut noter qu’à quelques exceptions près, ces résultats traduisent la situation telle qu’elle ressort à partir des critères retenus par le Ministère de l’Education Nationale, à condition d’admettre que les mauvaises performances conjoncturelles d’Anjouan influent négativement sur les résultats globaux. On peut considérer par exemple que si le taux d’élèves anjouanais atteignant la dernière année n’était pas, de façon tout à fait exceptionnelle si bas, (9,3%), le 41 taux moyen pour l’ensemble des îles (24,2%) se serait rapproché du taux de 31,9%, calculé sur la base de la méthode de la cohorte reconstituée, ce qui renforce le constat établi sur le très mauvais rendement du système. Autre élément concordant avec les données du Ministère de l’Education, la meilleure performance toute relative de Mohéli sur ce point. La question urgente que l’on est en droit de se poser est de savoir ce que deviennent ces milliers d’enfants que rejette ainsi chaque année le système éducatif, dans une situation de quasi-absence de toute autre structure formelle ou non formelle d’encadrement. Il faut ajouter aussi que le gâchis ainsi constaté n’est pas seulement quantitatif, mais aussi qualitatif. En effet, en raison du caractère purement livresque des enseignements dispensés, l’élève fréquentant ces établissements ne bénéficie d’aucun de ces modules d’éducation pratiques et orientés vers son intégration active à son milieu naturel et humain qu’il est invité à transformer, suivant les objectifs de l’éducation de base. Et pourtant ces programmes existent, et dans leur grande majorité, ils ont été expérimentés avec succès. Il semble en tout cas, qu’au vu des résultats mitigés obtenus, les Autorités sont désormais plus modestes, c’est à dire plus réaliste, dans leurs objectifs et surtout dans leurs prévisions. C’est ainsi que le Plan directeur de l’Education prévoit qu’à moyen terme (2005), le taux net de scolarisation devait passer de 60,2% à 78%, avec un effort soutenu pour éliminer ou du moins réduire très sensiblement, les disparités régionales, locales et génériques éventuelles. Quant à la scolarisation universelle prévue pour l’an 2000, au début de la précédente décennie, on espère l’atteindre en 2015. Mais si les tendances identifiées n’étaient pas renversées, la bataille est encore loin d’être gagnée. Les contraintes Si en dépit des efforts réels et soutenus et des déclarations et engagements répétés en faveur de la scolarisation universelle au niveau de l’éducation de base, les résultats obtenus sont encore trop loin des objectifs, c’est en raison d’obstacles et de contraintes multiples, d’ordre tant structurel que conjoncturel, et dont les plus importants sont repris ci-après. • La pression démographique. • L’insuffisance des ressources financières qui limitent la construction des salles de classe, l’acquisition des moyens didactiques collectifs ou individuels, tout en empêchant toute politique de rémunération attractive des instituteurs ; • Le poids insoutenable de la dette dont le non-paiement a entraîné le gel dramatique du financement des programmes sociaux, notamment ceux de l’éducation durant ces cinq dernières années. • L’instabilité politique qui a de graves répercussions sur le fonctionnement des administrations, notamment celle de l’éducation nationale. • La crise séparatiste de l’île d’Anjouan qui a sérieusement affecté les secteurs sociaux, plus particulièrement au niveau de cette île. • La crise sociale sur fond de grèves répétées des enseignants qui réclament le paiement des arriérés des salaires. • L’instabilité chronique des enseignants prêts à changer de fonction à la première occasion. • La pauvreté qui gagne du terrain et empêche des familles de plus en plus nombreuses d’inscrire ou de maintenir leurs enfants à l’école. De fait, les espoirs raisonnables d’atteindre les objectifs fixés tiennent dans la véritable mobilisation des communautés qui manifestent un engagement sans précédent en faveur de la scolarisation de leurs enfants. Ils tiennent aussi à la politique de décentralisation et de 42 responsabilisation à l’ordre du jour dans les travaux en cours pour l’élaboration d’une nouvelle constitution de la République. Ils tiennent enfin au maintien, et plutôt au renforcement de la coopération internationale, bi et multilatérale. B.3. L’alphabétisation des personnes âgées de 15 ans et plus. La recherche d’informations relatives à cet indicateur traduit l’intérêt jamais démenti de la communauté internationale pour le traitement de ce qu’elle considère comme un des fléaux caractéristiques du sous-développement : l’analphabétisme. Cette appréciation ne semble pas entièrement partagée par les Autorités, sauf durant la période de « la révolution culturelle » comorienne de 1975 à 1978, où l’alphabétisation était une priorité nationale, soutenue et encouragée comme telle, avec des succès indéniables. On peut dès lors comprendre pourquoi, en dehors de cette période, l’administration se contente tout au plus d’accompagner les programmes financés par les organisations internationales, et pourquoi en règle générale, ces programmes, si pertinents soient-ils, s’épuisent définitivement en même temps que les financements qui les soutenaient. De fait, le traitement de l’analphabétisme aux Comores, relève plus de la littérature administrative que d’un engagement effectif contre ce fléau, considéré et combattu comme tel par de nombreuses organisations internationales gouvernementales ou non. Aux Comores, on peut notamment citer l’UNESCO, l’UNICEF, le FNUAP, CARE qui appuient des associations culturelles ou communautaires locales engagées avec plus ou moins de conviction dans la lutte … Et si les résultats sont, somme toute honorables, on le doit plus à la scolarisation quasi-universelle obtenue au niveau de l’école coranique qu’à l’efficacité de ces actions limitées, partielles et intermittentes ici et là. En réalité, il n’y a pas encore de véritable politique en la matière et pour les raisons suivantes : • Sur le plan culturel, les Comores restent un pays de tradition orale. • Comme tout le monde est censé être passé par l’école coranique, tout le monde est censé savoir lire et écrire, du moins les caractères arabes. En conséquence, nul ne se sent vraiment analphabète ou du moins ne peut s’accepter comme tel. C’est une attitude peu propice aux campagnes d’alphabétisation, surtout lorsqu’elles se proposent d’utiliser pour cela les lettres arabes. De plus, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt d’être alphabétisé en caractères arabes et dans la langue comorienne, quand cela ne peut servir, tout au plus, qu’aux échanges épistolaires privés, en l’absence de toute autre finalité possible ou de tout support pour l’expression écrite utile. • De fait, tous les écrits à caractère public, de quelque intérêt et de quelque nature que ce soit sont rédigés en français. En conséquence, seule l’alphabétisation dans cette langue permettrait à l’individu d’en tirer profit. C’est cette « alphabétisation utile » que nous recommandons. Mais pour se faire une idée plus précise de la situation, examinons les résultats obtenus à partir des données actuellement disponibles. En 1991, le Recensement Général de la Population et de l’Habitat estimait le taux d’alphabétisation dans au moins une des langues, comorienne ou française, à 61,36%, pour les personnes âgées de 12 ans et plus. Ce taux était plus élevé en ville, 70,45% qu’en milieu rural où il chute à 57,4%. En général les femmes étaient présentées comme moins alphabétisées (57,92), que les hommes (64,99%). Ces chiffres relativement élevés pour la sous-Région, et en l’absence de toute politique suivie et d’envergure, s’expliquent par la fréquentation quasi générale de l’école coranique par tous les enfants. A titre de comparaison, si l’on se réfère aux 43 seuls alphabétisés en français, et parmi la tranche d’âge des personnes âgées de 15 à 25 ans, et qui avaient donc le maximum de chance d’avoir fait l’école primaire, ce taux tombe à 26,53%. L’enquête MICS, donne des résultats qui ne démentent pas les tendances constatées précédemment, comme cela apparaît dans ce tableau. 44 Tableau 12: Pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est alphabétisée, Comores, 2000 Masculin Féminin Total Alphabétisés Ne sait pas Nombre Alphabétisés Ne sait pas Nombre Alphabétisés Ne sait pas Nombre Mohéli 60,7 6,7 476 45,7 11,6 481 53,2 9,2 957 Anjouan 60,4 17,6 1435 49,6 15,9 2074 54,0 16,6 3509 Anjouan 60,4 17,6 1435 49,6 15,9 2074 54,0 16,6 3509 Grande Comore 66,9 14,1 4058 57,3 15,6 4738 61,8 14,9 8796 Grande Comore 66,9 14,1 4058 57,3 15,6 4738 61,8 14,9 8796 Urbain 71,9 12,3 1969 60,9 13,3 2365 65,9 12,8 4334 Rural 61,4 15,4 4000 51,3 16,5 4928 55,8 16,0 8928 Rural 61,4 15,4 4000 51,3 16,5 4928 55,8 16,0 8928 Age Age 15-24 71,6 16,0 2054 66,4 14,1 2903 68,5 14,9 4957 25-34 72,9 10,4 1291 61,6 10,8 1985 66,0 10,6 3276 25-34 72,9 10,4 1291 61,6 10,8 1985 66,0 10,6 3276 35-44 65,5 11,9 1164 45,6 15,0 1141 55,6 13,4 2305 35-44 65,5 11,9 1164 45,6 15,0 1141 55,6 13,4 2305 45-54 55,4 15,6 754 26,8 23,8 664 42,0 19,5 1418 45-54 55,4 15,6 754 26,8 23,8 664 42,0 19,5 1418 55-64 40,8 17,3 404 23,3 27,6 326 33,0 21,9 730 55-64 40,8 17,3 404 23,3 27,6 326 33,0 21,9 730 65+ 38,1 22,5 302 15,7 31,0 274 27,4 26,6 576 65+ 38,1 22,5 302 15,7 31,0 274 27,4 26,6 576 Total 64,9 14,4 5969 54,4 15,4 7293 59,1 15,0 13262 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 7 La population alphabétisée comprend toutes les personnes dans le ménage déclarées en mesure de lire ‘facilement ou avec difficulté’ (EM = 1, 2). L’indicateur est calculé pour les personnes âgées de 15 ans ou plus. En calculant le pourcentage de personnes alphabétisées, le dénominateur inclut toutes les personnes dans le ménage indépendamment du fait que leur statut d’alphabétisation est déclaré ou non (c’est-à-dire, les réponses ‘ne sait pas’ font partie du dénominateur). Plus de la moitié de la population âgée de 15 et plus serait alphabétisée à hauteur de 59,1%. Ce chiffre concerne les alphabétisés dans l'une des deux langues comorienne ou française, d’où l’importance relative de ce chiffre. La comparaison par île est largement favorable à la Grande Comore (61,8), contre (53,2%) à Mohéli, et (54,0%) à Anjouan. De même le milieu urbain (65,9%) est plus favorisé que le milieu rural (55,8%). Le taux d’hommes alphabétisés est plus élevé (64,9%) que celui des femmes (54,4%).(12 b).Enfin, on constate que dans tous les cas, le taux d’alphabétisation tombe avec l’âge des personnes, passant de 65,8% pour les 15-24 ans, à 27,4% pour les 65 ans et plus. Ces taux d’alphabétisation, relativement satisfaisants, cachent une réalité qui tend à leur enlever toute signification et toute efficacité. En effet, pour tirer un vrai profit de l’alphabétisation, il faut que celle-ci soit un instrument permettant à l’individu de réussir et de s’épanouir dans la mesure de ses potentialités. Les Comoriens alphabétisés dans leur langue ne tirent qu’un avantage limité de cet état. Rien dans la société ne leur permet d’investir effectivement cette compétence, même pas dans l’accès à un seul journal imprimé. Dans sa 45 vie quotidienne sous ses aspects les plus ordinaires, comme lire l’étiquette d’un produit, un prospectus médical, un formulaire administratif, etc., son handicap reste entier, et le problème de son alphabétisation aussi. Il faudrait donc pousser plus loin l’enquête sur l’alphabétisation, pour évaluer ses aspects psycholinguistiques (la méconnaissance du français est souvent un facteur de sous-estimation de soi), et pour connaître les souhaits des personnes pour les encourager à s’alphabétiser dans la langue qui réponde au mieux à leurs attentes et à leurs intérêts. 46 C. Habitat, Eau et Assainissement. C.1 Habitat et confort. La nature des matériaux de construction des murs, du sol et du toit des maisons ainsi que les éléments de confort dans l’habitat constituent des caractéristiques qui permettent d’apprécier le niveau de vie des populations qui occupent ces maisons. Comme ces caractéristiques ont également et surtout une influence sur l’état de santé des membres du ménage, elles s ont été prises en compte dans l’enquête MICS qui fournit des résultats intéressants sur l’état actuel de l’habitat comorien. Caractéristiques de l’habitat. Les murs. Les murs des maisons comoriennes sont construits en dur (parpaing, pierre et béton), en tôle, en planche, en terre battue, en matière végétale (paille ou feuilles de cocotier) ou en matériaux mixtes. Dans l’ensemble, 35% des maisons sont construites en dur et presque autant en tôle (30%). Près d’un quart (23,7%) des murs sont en matière végétale et seulement 7,6% sont en terre. Les disparités, suivant le milieu, montrent que plus de la moitié des murs des maisons urbaines sont en dur (54%), contre seulement un tiers en milieu rural (30%). De plus, il y a deux fois moins de maisons avec des murs en tôle en milieu urbain qu’en milieu rural. Les murs en végétale sont relativement plus importants en milieu rural (25%) qu’en milieu urbain (15%). Par ailleurs, il existe d’importantes disparités suivant les îles. En effet, les murs en terre sont caractéristiques de l’habitat de Mwali (48,7% des maisons), contre 8,3% à Ndzouani et 1,7% à Ngazidja. Les murs en tôle sont caractéristiques de Ngazidja (46% des maisons), contre 2,9% à Mwali et 2,4% à Ndzouani. Les murs en matière végétale caractérisent plus les maisons à Ndzouani (36%) que celles les autres îles où ils ne représentent que 20%. Comparées aux données fournies par le Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1991, celles fournies par la MICS montrent une évolution significative de la nature des matériaux utilisés dans la construction des murs : on constate en effet un net recul des murs en matière végétale au profit des murs en tôle et en maçonnerie. Le sol. La nature du sol des maisons est un facteur important pour l’hygiène des personnes qui les occupent. En général, les sols sont en ciment (57,8%), en terre battue (32,7%), à carrelage plastique ou céramique (2%). Deux tiers des maisons en milieu urbain ont un sol en ciment contre un peu plus de la moitié en milieu rural. Au niveau des îles, on constate que le sol en terre battue caractérise plus les maisons à Anjouan (44,8%) que dans les deux autre îles (27%). Près des deux tiers des maisons en Grande Comore ont un sol en ciment contre moins de la moitié à Anjouan, et deux cinquièmes à Mohéli. Durant les dix dernières années et par rapport aux données du recensement de 1991, le pourcentage des maisons avec un sol en ciment a progressé de façon significative, passant de 38% en 1991 à 57% en 2000, aux dépens des sols en terre battue. Le pourcentage des maisons ayant un sol en carrelage est resté toujours faible (2%). 47 Le toit. Le toit des maisons comoriennes est en matière végétale (paille ou feuilles de cocotier), en tôle, en béton traditionnel, en béton armé ou mixte. Ce dernier cas caractérise les maisons dans lesquelles deux ou plusieurs pièces sont couvertes de toits relevant de l’un ou l’autre de ces matériaux. En 2000, la tôle couvre 46,4% des toits des maisons et se positionne loin devant le béton et la paille ou les feuilles de cocotier qui représentent chacun 23% des toits. Ainsi, les autres matériaux, y compris le béton traditionnel, ne sont que très faiblement représentés. Il existe deux fois plus de toits en béton en milieu urbain (39%) qu’en milieu rural (19%). Inversement, il y a plus de toits en tôle en milieu rural qu’en milieu urbain et il y a presque autant de toits en matière végétale dans les deux milieux. Les toits en tôle sont caractéristiques des maisons de la Grande Comore (63%), contre 25% à Mohéli et 15% à Anjouan. Les toits en matière végétale sont caractéristiques des maisons de Mohéli (60%) contre 37% à Anjouan et 12% en Grande Comore. Les maisons à Anjouan sont couvertes à 40% de toits en béton et presque autant de toits en paille. Durant la décennie et en comparaison avec les données du recensement de 1991, le pourcentage des maisons avec des toits en matière végétale a diminué de moitié au profit des toits en tôle et en béton. En conclusion, on peut noter que l’habitat comorien est conditionné par le contexte socio- économique et l’environnement naturel. L’utilisation pour la construction de matériaux locaux à base végétale, caractérisés par la précarité, est encore répandue : on note que 23% des murs et près du quart des toits des maisons sont en paille ou en feuilles de cocotier. Un tiers (1/3) des maisons ont un sol en terre battue. Ce sont là les matériaux utilisés par les ménages pauvres. L’utilisation de la tôle pour le toit (30% des maisons) offre un meilleur confort grâce à une plus grande étanchéité. Les murs en tôle, jugés d’un standing plus élevé par les populations à faibles revenus, sont d’un confort plus discutable. Dans l’ensemble, malgré une relative amélioration de la situation, l’habitat comorien est encore caractérisé par la précarité et l’inconfort qui ont probablement une incidence sur la santé de l’enfant et sur la mortalité infantile et juvénile. Possession des éléments de confort L’enquête a permis de recueillir des informations sur la possession des éléments de confort des ménages. Ces éléments sont les suivantes : le téléphone, l’électricité, le réfrigérateur, la radio, le téléviseur, la voiture et les services d’un domestique. Dans l’ensemble du pays et en considérant globalement la totalité des éléments de confort à l’exception des services d’un domestique, 1,3% des ménages possède tous les éléments, avec pratiquement deux fois plus de ménages urbains (1,9%) que de ménages ruraux (1,1%). D’une façon générale, près de deux fois plus de ménages en Grande Comore ont plus d’éléments de confort que ceux des deux autres îles. La situation à Anjouan est presque comparable à celle qui prévaut à Mohéli. 36% des ménages ont déclaré ne posséder aucun de ces éléments de confort. En matière de principal combustible pour la cuisson, le bois reste en tête avec 83% des ménages contre 7,6% pour le pétrole. Le pourcentage de ménages qui utilise le gaz ou le charbon est négligeable. Les disparités sont importantes suivant le milieu. 28% des ménages urbains utilisent du pétrole contre 1,7% des ménages ruraux. Inversement, il y a plus de ménages ruraux qui utilisent le bois (88,7%) contre 62% de ménages urbains. Le tableau ci-après donne la répartition de ces éléments de confort selon l’île et le milieu de résidence. 48 Figure 4 : Pourcentages des ménages qui possèdent les éléments de confort, 2000 0 10 20 30 40 50 60 70 Téléhone Electricité Refrigerateur TV/Vidéo Radio Voiture Domestique Tous confort Mohéli Anjouan Grande Comore Urbain Rural Total L’évolution de la possession des éléments de confort entre 1991 et 2000 se présente comme l’indique le tableau ci-après. Le pourcentage de ménages possédant un téléviseur, une ligne téléphonique, ou un réfrigérateur, est multiplié par quatre. Celui des ménages possédant une voiture a été multiplié par 7, pour la même période. Ce rythme soutenu dans la possession des éléments de confort retenus est en grande partie lié au transfert au Pays de fonds et de biens par la diaspora comorienne. Enfin, il faut signaler que 36% des ménages n’ont aucun des éléments de confort retenus… Elément de confort RGPH/1991 EDS/1996 MICS/2000 Radio 36.3 50.4 55 Télévision 4.4 9.9 18.5 Téléphone 1.7 3.2 7.2 Réfrigérateur 3.8 8.7 14.4 Voiture 1.1 4.7 7.3 Aucun 48.7 36.5 C.2 Eau Une eau de boisson potable est une nécessité de base pour une bonne santé. Une eau insalubre peut être un vecteur important pour plusieurs maladies comme le choléra, la typhoïde, la schistosomiase. L’eau de boisson peut également être contaminée par une pollution chimique, physique et radiologique avec des effets néfastes sur la santé de l’homme. A côté des maladies associées, l’accès à l’eau peut être également source de contraintes lourdes pour les femmes et les enfants, surtout en milieu rural où ils sont responsables du transport de l’eau, parfois sur des longues distances. La loi No 94-37/AF promulguée en 1994 et portant code de l’eau reconnaît le droit pour la population d’avoir accès à une eau potable pour la consommation. Elle définit, en son article 3, les caractéristiques bactériologiques et chimiques de l’eau destinée à la consommation. L’accès à l’eau potable fait l’objet de programmes d’investissements mis en œuvre pour rechercher, valoriser et exploiter les ressources en eau. Dans la deuxième moitié des années 80, un programme de recherche et d’évaluation des eaux souterraines de la Grande Comore, financé par le PNUD, a permis de réaliser 44 puits de reconnaissance répartis sur la zone 49 côtière de l’île. Parmi ces puits, 24 présentent une salinité inférieure à 3g/l, dont 17 qui répondent aux normes de l’OMS, soit une salinité inférieure à 2g/l. Le résultat de ce programme a permis de réaliser au début de la décennie quatre petits réseaux d’adduction dans certaines agglomérations de la Grande Comore. Il s’agit du : - Réseau de Foumbouni dont la construction, à partir du puits ONU3, a commencé en 1989 avec la contribution de l’UNICEF. Il alimente des bornes-fontaines, des branchements privés et des institutions publiques ( écoles, dispensaires, mosquées). - Réseau de Ntsaoueni construit à partir du puits ONU33 en 1992 et qui alimente les localités de Ntsaoueni et de Domoni - Réseau de l’hôtel Galawa construit à partir du puits ONU27 qui permet d’alimenter non seulement l’hôtel mais aussi quelques 2500 habitants aux alentours avec des bornes- fontaines. - Réseau de Bangoikouni, financé par le FADC en 1997. Certains des puits réalisés par le programme PNUD sont exploités par les communautés locales avec des moyens d’exhaure manuels, solaires ou thermiques. Sur l’ensemble des 24 puits exploitables, dont la salinité est acceptable, 51% ne sont pas en exploitation en 1997 et 31% sont défaillants (Projet Infrastructure, Eau et Assainissement, 1999). Sur l’ensemble du pays, la plupart des réseaux d’adduction d’eau , en particulier ceux des grandes agglomérations, ont été réalisés à partir des années soixante, jusqu’à la fin des années 80. Durant la décennie 90, sur l’ensemble du pays, il n’y a pas eu d’importants projets de développement de nouvelles infrastructures de captage, de transport et de distribution. L’essentiel des travaux réalisés consistait à rétablir l’eau lorsqu’elle manque de couler dans le robinet ou bien la mise en place de petits réseaux d’adduction villageoise. Cette activité de maintenance et de réparation est importante en raison de l’état de délabrement d’un certain nombre de réseaux. Durant les dix dernières années, les réalisations en matière d’eau ont été faites par les communautés villageoises avec le concours financier du Fonds d’Appui au Développement Communautaire (FADC), alimenté par la Banque Mondiale ou par des ONGs, françaises, principalement. Evaluer la population ayant accès à une eau potable pose un problème délicat aux Comores en raison, d’une part, de l’absence de données sur la qualité de l’eau et, d’autre part, de la définition même de l’eau salubre telle qu’utilisée dans l’enquête MICS. Traditionnellement, l’accès à l’eau potable est déterminé en fonction des informations communiquées par le fournisseur des services d’accès à l’eau. Or, aux Comores comme dans la majorité des pays en voie de développement, ces donnés sont incomplètes, fragmentaires d’une part, et d’autre part, les données des petits systèmes d’adduction communautaire ne sont pas comptabilisées. L’évaluation de l’accès à l’eau potable ne peut donc pas se faire suivant cette méthode. Devant cette situation, une nouvelle approche a été développée pour évaluer l’accès à l’eau potable. Il s’agit d’une « approche utilisateur » qui se fait suivant une démarche en trois étapes. • La première étape consiste à déterminer la source de l’eau à boire. Cette source est un facteur critique parce que la qualité de l’eau varie d’une source à une autre, et parce que la connaissance de la source permet de mieux cibler la planification et la mise en place des améliorations de la qualité de l’eau. Cette étape permet aussi de calculer rapidement le taux de couverture en eau de boisson à partir des sources salubres, en utilisant les données d’enquête qui ont l’avantage d’être collectées chez le consommateur final. 50 • La deuxième étape consiste à évaluer la qualité de l’eau pour chaque type de source en mesurant les niveaux de contamination bactériologique et chimique. Aux Comores, soit ces mesures ne sont pas faites de façon systématique, soit elles ne sont pas disponibles. • La troisième étape consiste à évaluer les normes de quantité. Dans ce Rapport, l’objectif visé est d’analyser uniquement le taux d’accès à l’eau, à partir des principales sources d’approvisionnement. L’avantage de cette démarche étant de pouvoir développer des programmes par type de source d’eau. Le questionnaire de la MICS ne prend pas en compte les normes qualitatives et quantitatives de l’eau à boire des ménages. Etat de la situation en 2000 Le questionnaire de la MICS a permis de calculer les pourcentages de population et de ménages ayant accès aux différentes sources d’eau suivantes : robinet dans le logement, robinet dans la cour, borne-fontaine publique, puits propre, puits protégé, source protégée, eau de pluie, eau en bouteille, puits non protégé, source non protégée, marée, rivière, ruisseau, camion-citerne, autres et « Ne Sait Pas » (NSP) Le Tableau 13 qui suit indique que l’eau à boire est utilisée dans les ménages dans des proportions variables et provient d’origines différentes, comme cela est présenté sur la figure 5 ci-dessous. Figure 5 Distribution des pourcentages de population par source d'eau à boire � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � Eau de robinet dans le logement 8% Eau de robinet dans la cour 12% Borne fontaine 20% Eau de pluie 46% Rivière et ruisseau 2% Puits protegés 3% Source protégées 2% Other 7% En 2000 et au niveau national, les sources d’approvisionnement en eau de boisson les plus utilisées sont la récupération des eaux de pluie pour 47,2% de la population et la borne- fontaine qui occupe la deuxième position et concerne 19,7% de la population, en considérant que l’eau des citernes provient de la récupération des eaux de pluie. Le robinet dans la cour ou dans la maison occupe respectivement la troisième et la quatrième position avec 11,6% et 8,2% de la population. L’approvisionnement en eau dans les rivières représente 2,1% de la population. D’une façon générale, au niveau national, la proportion de la population utilisant l’eau de robinet et celle utilisant l’eau de pluie est la plus importante et totalise 86,5% de la population. 51 Tableau 13: Pourcentage de population utilisant une source d’eau à boire salubre, Comores, 2000 Principales sources d’eau Eau du robinet dans le logemen t Eau de robinet dans la cour Borne fontain e Nombr e de person ne Puits protégé Source protégé e Eau de pluie/cit erne Eau en bouteill e Puits non protégé Source non protégé e Mare, ruissea u ou fleuve Camion citerne, vendeu r d’eau Autre Manqu ant Total Total avec eau à boire salubre (1-7) * Nombre de personne Mohéli 1,2 26,3 35,9 0,3 3,0 0,0 2,2 0,0 2,4 0,7 10,9 0,0 16,8 0,3 100,0 69,0 2234 Anjouan 20,8 24,5 43,9 0,2 0,0 0,7 0,5 0,0 0,0 3,7 4,1 0,1 0,2 1,5 100,0 90,5 8139 Grande Comore 3,0 3,4 5,9 1,4 3,5 2,9 75,6 0,2 1,8 0,3 0,0 0,0 0,6 1,4 100,0 95,5 16911 Urbain 20,7 23,6 24,6 2,0 3,8 0,4 15,5 0,1 0,2 0,3 0,2 0,1 7,1 1,4 100,0 90,4 5868 Rural 4,7 8,3 18,3 0,6 2,0 2,4 55,9 0,1 1,6 1,6 2,6 0,1 0,4 1,3 100,0 92,2 21416 Total 8,2 11,6 19,7 0,9 2,4 2,0 47,2 0,1 1,3 1,3 2,1 0,1 1,8 1,3 100,0 * 91,8 27284 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 4 Ce tableau est basé sur les réponses à ES1. Eau à boire salubre est définie comme: eau de robinet dans le logement ou la cour, une borne fontaine, un puits à pompe, un puits protégé, une source protégée, ou eau de pluie (ES = 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7). Les personnes vivant dans des ménages qui utilisent une de ces sources d’eau à boire sont classées comme des personnes ayant accès à l’eau à boire salubre. L’information sur la source d’approvisionnement en eau à boire provient du questionnaire sur le ménage, mais le tableau des données sur les personnes et no sur les ménages. Afin de calculer les données du tableau, chaque ménage a été pondéré (c’est-à-dire., multiplié) par le nombre de personnes dans le ménage. * Aux Comores, la qualité de l'eau de robinet n'est pas toujours salubre. Parce que l'eau de robinet dans les îles de Mohéli et d'Anjouan provient des eaux de surface qui ne subissent pas de traitement ni bactériologique, ni chimique. Et il n'est pas possible, sans des études de terrain plus précises, de déterminer la part des réseaux d'adduction d'eau qui réponde aux critères de salubrité. De même, l'eau de pluie utilisée de façon importante dans l'île de la Grande Comore est stockée sur une longue période dans des conditions qui ne sont pas conforme `des normes de salubrité. Cependant, ce tableau offre l'avantage de présenter la répartition des différentes sources d'eau de boisson utilisées par la population, ce qui permettra de planifier les investissements par rapport à l'importance de ces sources. 52 Cependant, cette répartition des différentes sources d’eau à boire selon les ménages n’est pas uniforme sur l’ensemble du pays et elle varie d’une façon très importante suivant le milieu de résidence (figure 6), d’une part et suivant les régions ou les îles (figure 7) d’autre part. En milieu urbain, l’eau de robinet est utilisée par 44,3% de la population et représente la source d’eau à boire la plus importante. 20,7% de cette population dispose d’un robinet dans la maison et 23,6% en dispose dans la cour. La borne-fontaine, représentant la source d’eau à boire pour 19,7% de la population, est relativement plus utilisée que la récupération des eaux de pluie. Néanmoins, ces dernières constituent encore une source importante en milieu urbain puisqu’elle est utilisée par 15,2% de la population. Contrairement au milieu urbain, en milieu rural, la récupération des eaux de pluie représente la première source d’eau de boisson utilisée par plus de la moitié de la population (55,9%), suivie par la fontaine publique (18,3% de la population). Le robinet dans la cour et le robinet dans la maison concernent respectivement 4,7 et 8,3% de la population, alors que les puits, les rivières et les sources ne représentent, respectivement que 4,6%, 2,6% et 4%. Suivant les îles, les sources d’eau à boire varient de façon très marquée. Dans l’île d’Anjouan, le robinet dans la maison ou dans la cour, est le mode de consommation le plus utilisée (45,3% de la population), dont 24,5% avec un robinet dans la cour et 20,4% avec un robinet dans la maison. Le pourcentage des utilisateurs des bornes-fontaines est aussi importante que celui des utilisateurs des robinets (43,9%). Figure 6: Distribution des pourcentages de population par type de source d’eau à boire suivant le milieu urbain/rural 0 10 20 30 40 50 60 Eau de robinet Borne fontaine Eau de pluie Rivière/source Puits Urbain Rural Figure 7: Distribution des pourcentages de population par source d’eau à boire suivant les régions (Iles) 0 20 40 60 80 Eau de robinet Borne fontaine Eau de pluie Rivière/source Puits Mohéli Anjouan Grande Comore Les eaux de source, toutes catégories confondues, protégées et non protégées, et les ruisseaux représentent quasiment le reste des sources d’eau à boire utilisées (8,5% de la population). 53 La situation à Mohéli est proche de celle qui prévaut à Anjouan. Dans l’île de Mohéli, la source d’eau de boisson la plus utilisée est la fontaine publique pour 35,8% de la population, suivie par le robinet dans la cour pour 26,3%. Contrairement à Anjouan, seulement 1,2% de la population utilise le robinet dans la maison comme source d’eau à boire. Les rivières et les ruisseaux représentent la source d’eau à boire pour 10,9% de la population. Il convient de noter que pour une part non négligeable de la population (16,8%), la source d’eau à boire n’a pas été déterminée. Les puits protégés et non protégés représentent une part modeste des sources utilisées (2,4% de la population). L’île de la Grande Comore connaît une situation complètement différente de celle des deux autres îles. Ici, 75,6% de la population utilisent l’eau de pluie stockée dans les citernes comme source d’eau à boire, tandis que 5,9% utilisent la borne fontaine. Seulement 3% de la population utilise le robinet dans la maison et 5,4% le robinet dans la cour. Dans cette île, l’utilisation de puits et de sources protégées, ou non, reste négligeable, même comparée aux autres îles, avec respectivement 3,2% et 5,6%. Cette répartition s’explique par la nature hydrogéologique du pays qui détermine la nature des ressources en eau disponibles. Les sources en eau souterraine ont été partiellement évaluées (PNUD) en Grande Comore où il n’existe pratiquement pas d’eau de surface. Dans cette île, le bilan hydrique fourni donne : ƒ Un coefficient de ruissellement estimé à 5%, ƒ Un coefficient de pluie efficace de 57%, ƒ Un débit moyen de nappes important (23 m3 par jour et par mètre de côte linéaire). Il n’y a pas de bilan hydrique global réalisé à Anjouan et à Mohéli, mais dans ces deux îles les volumes des eaux de ruissellement sont plus importants et les eaux de surface suffisent à couvrir les besoins des populations. En termes de qualité, si nous nous conformons aux normes SPSS de la MICS, l’eau de robinet, la fontaine publique, l’eau de pluie, les puits et les sources protégés avec pompe doivent être considérés comme des sources d’eau salubre, et utilisées par 91,4% de la population. Ce pourcentage élevé de population ayant accès à une source d’eau à boire salubre est très loin de refléter la réalité de la situation. Cette incohérence s’explique par le manque de pertinence des normes définies pour qualifier l’eau salubre, par rapport à la situation spécifique des Comores. Par exemple, contrairement aux normes définies dans la MICS et selon lesquelles l’eau de robinet est salubre, ce n’est pas le cas à Anjouan et à Mohéli où Il s’agit de captage d’eaux de surface qui ne subissent aucun traitement, ni physique, ni bactériologique ni chimique. Dans le meilleur des cas, un dégrilleur non entretenu est utilisé pour éliminer les particules solides grossières. De plus, il n’existe pas de périmètre de protection autour des ouvrages de captage laissés dans un complet abandon. D’un autre côté, l’eau de pluie stockée dans les citernes non couvertes, première source d’eau à boire à en Grande Comore, ne peut être comptée comme source d’eau salubre et doit être considérée comme une source non protégée. Une évaluation faite en 1993 indique que la très grande majorité des citernes familiales sont mal conçues, et mal entretenues (UNICEF, 1993). De plus, en l’absence d’un système de suivi de la qualité des eaux à Anjouan et à Mohéli, il est extrêmement difficile de savoir qualitativement la part des réseaux de distribution qui répondent à un instant donné aux normes de potabilité. Compte tenu de ces facteurs, il n’est pas possible dans le cadre de cette enquête de déterminer de façon adéquate le pourcentage exact de population ayant véritablement accès à l’eau potable. Evolution durant la décennie Durant la décennie 90, un certain nombre d’enquêtes et d’études (essentiellement le Recensement Général de la Population et de l’Habitat en 1991 et l’Enquête Démographique et 54 de Santé en 1996) ont été réalisées aux Comores et ont fourni des données fiables sur l’état de l’eau et de l’assainissement. Leur comparaison avec celles de la MICS 2000 permet de montrer dans quel sens évolue la situation. Tableau 13a: Evolution durant la décennie de la distribution des pourcentages de population par source d’eau à boire Année Robinet dans maison/cour Borne Fontaine Pluie/citerne Puits Rivière /source 1991 /RGPH 15.7 34.4 28.2 9.1 7.3 1996 /EDS 21.7 28.6 41.9 3.2 2.8 2000 /MICS 19.2 20.4 43 5.4 5.4 Jusqu’ici, l’accès à l’eau est exprimé en pourcentage de la population, conformément aux critères retenus par le Sommet Mondial pour les Enfants. Pour pouvoir établir des comparaisons pertinentes, il convient de travailler sur des indicateurs homogènes, et en l’occurrence, convenir d’appliquer à la MICS les critères retenus pour le Recensement Général de la Population et de l’Habitat et l’Enquête Démographique et de Santé, à savoir, le taux d’accès à l’eau salubre en pourcentage des ménages. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de variations significatives selon qu’il est exprimé en pourcentage de population ou en pourcentage des ménages. Durant la décennie, on note comme cela est apparaît sur la figure 8 ci-après, une forte progression de l’utilisation par les ménages de l’eau de pluie. Cette source d’eau est plus utilisée en 2000 avec 47,5% des ménages contre 28,2% en 1991. Ce qui correspond à un taux d’accroissement moyen d’utilisation des eaux de pluie de 2,1% par an. Le pourcentage des ménages ayant accès à l’eau courante à domicile (dans la maison ou dans la cour) a faiblement progressé, passant de 15,7% en 1991 (RGPH, 1996) à 19,2% des ménages en 2000, au niveau national, soit une augmentation moyenne de 0,38% par an. Dans le même temps, l’accès à l’eau des ménages par les bornes fontaines a connu une baisse significative. De 34,4 en 1991 (RGPH, 1996), ce taux est passé à 19,8% en 2000, ce qui correspond à une diminution de 1,7% par an. Figure 8: Tendances nationales durant la décennie de la distribution des pourcentages de population par source d’eau à boire 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 1991 1996 2000 Robinet dans maison/cour Borne Fontaine Pluie/citerne Puits Rivière /source 55 Le pourcentage de population utilisant un puits comme source d’approvisionnement en eau a connu une diminution relativement importante passant de 9,1% en 1991 à 6% en 2001. Suivant le milieu de résidence (figure 9 de la page suivante), les tendances dans l’utilisation des différentes sources d’eau à boire ne sont pas les mêmes. En milieu urbain, l’utilisation de la borne fontaine a nettement diminué durant la décennie. Le pourcentage de ses usagers est passé de 46,2% en 1991 à 34,9% en 1996, puis a continué sa régression pour arriver à 25,9% en 2000. Cette diminution s’est faite à un rythme moyen de 2,25%, faisant passer cette source de la première à la deuxième position des sources d’eau à boire, entre 1991 et 2000. Le robinet dans la maison ou dans la cour a connu une progression à un rythme moyen de 0,9% par an, passant de 33% en 1991 à 41,2% en 2000. Cette source d’eau occupe la première position des sources d’eau à boire en milieu urbain. L’eau de pluie a connu une hausse relative entre 1991 et 1996 tout en restant en 3ème position. En milieu rural, la borne-fontaine qui était la première source d’eau pour 33,8% des ménages en 1991 a connu une forte baisse, au rythme moyen de 1,7% par an, durant la décennie. Actuellement, elle est la source d’eau pour 18,1% des ménages. Inversement, l’utilisation de l’eau de pluie a enregistré une forte hausse au rythme moyen de 3% par an. Cette source, devenue de loin la première pour l’eau à boire est utilisée par 55,8% des ménages en 2000, contre 28% en 1991. Durant la décennie 90, l’accès à l’eau des ménages par le robinet dans la maison/cour n’a pas connu de changement significatif en milieu rural. L’augmentation du pourcentage de la population utilisant l’eau de pluie comme source d’eau à boire s’explique par le manque de projet d’installation de nouveaux réseaux d’adduction surtout en milieu rural, dans l’île de la Grande Comore, ainsi que par l’arrêt des travaux d’extension des réseaux existants et des installations des bornes-fontaines dans l’ensemble du pays pour faire face aux besoins liés à la croissance démographique. Les réseaux d’adduction de Foumbouni et Ntsaoueni mis en place au début de la décennie ne desservent qu’une part très faible de la population. En milieu urbain, les branchements privés se sont développés et inversement l’installation des bornes fontaines a connu un arrêt quasi total depuis le début de la décennie Si dans les îles d’Anjouan et de Mohéli les eaux de robinet et les bornes-fontaines alimentées par captage des eaux de surface (rivières et sources) permettent de satisfaire les besoins en quantité de la population, en revanche les normes de qualité ne sont pas du tout respectées. Dans l’île de la Grande Comore, les conditions hydrogéologiques particulières font que les eaux de surface sont pratiquement absentes et ce sont les captages des eaux souterraines et la récupération des eaux de pluie qui permettent de satisfaire les besoins en eau de la population. Dans l’ensemble, la ressource est suffisante pour les besoins en eau, et le problème posé concerne essentiellement la qualité. Il faut quand même souligner qu’à la Grande Comore, en milieu rural, des pénuries d’eau plus ou moins totales sont à déplorer durant la saison sèche. Des projets d’adduction d’eau dans ces zones sont encore en attente de financement. 56 Figure 9: Tendances nationales durant la décennie de la distribution des pourcentages de population par source d’eau à boire suivant le milieu urbain (a)/rural(b) 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 1991 URBAIN 1996 2000 Eau de robinet dans la maison/cour Borne fontaine Eau de pluie Riviere/source Puits (a) Urbain 0 10 20 30 40 50 60 1991 RURAL 1996 2000 Eau de robinet dans la maison/cour Borne fontaine Eau de pluie Riviere/source Puits (b) Rural 57 De manière générale, la qualité de l’eau à boire se détériore, avec les incidences néfastes et avérées sur la santé, surtout celle des jeunes enfants. Les épidémies assez fréquentes de typhoïdes et l'épidémie de choléra des années 1997 et 1998 en sont à mettre sur le compte de cette situation. Ceci est en partie lié à un manque de gestion à long terme des ouvrages et les équipements fournis lors de la réalisation des projets. Car seule une gestion durable des infrastructures mises en place permettront de garantir les charges de renouvellement des investissements, le coût du développement et d’extension des installations ainsi que les charges d’exploitation. En résumé, la généralisation de l’accès à l’eau à boire potable nécessite un certain nombre d’actions comme : • Rendre effective l’application de la loi portant code de l’eau, • Améliorer de façon significative la qualité de l’eau en se conformant aux dispositions de la Loi, notamment en ce qui concerne l’obligation de la mise en place de périmètres de protection des captages et des sources d’eau destinées à la consommation, • Mener des actions appuyées de sensibilisations auprès des utilisateurs sur l’intérêt qu’il y a à préserver la qualité de l’eau, • Organiser la mise en place de systèmes adéquats de traitement de l’eau. • Installer des structures spécialisées de gestion et de contrôle de la qualité de l’eau de boisson, et de maintenance des réseaux de distribution et des ouvrages de captage, • Etendre les réseaux d’adduction et poursuivre les recherches des nappes productives de la Grande Comore, y compris dans les parties situées à l’intérieures de l’île, • Trouver des modes de récupération et de stockage sécurisés des eaux de pluie ainsi qu’un traitement adéquat des quantités journalières destinées à la boisson. C.3 Assainissement Un système sanitaire inadéquat et défaillant pour le traitement des excrétas est associé à une large variété de pathologie incluant les maladies diarrhéiques et la polio. Le pourcentage de la population ayant accès à un système sanitaire de traitement des excrétas est obtenu à partir du traitement des réponses des ménages au questionnaire MICS. A la question « quel type de toilettes utilisez-vous dans votre ménage ? » Les modalités suivantes sont présentées : chasse d’eau avec égouts ou avec fosse septique, latrines à évacuation traditionnelle, latrines améliorées à ventilation (V.P), latrines traditionnelles, trou ouvert, seau, autre, pas de toilette/brousse ou champ. Le tableau 14 ci-après indiqué donne une idée de la situation. Près de quatre vingt pour cent (79,8%) des ménages utilisent des latrines traditionnelles (figure 10 suivant), 1,6% des ménages possèdent un W.C avec chasse d’eau et 2,3% des latrines améliorées. Les W.C avec chasse d’eau sont en usage quasi-exclusivement dans les ménages urbains. 58 Figure 10 : Distribution des pourcentages de population par type de toilette � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � Latrine traditionnelle 79% Sceau 0% Autre 3% Trou ouvert 12% Latrine à évacuation 1% Chase d'eau avec égout ou avec fosse septique 2% Pas de toilette ou brousse ou champ 1% Latrine améliorée ventillation 2% Si l’on considère que les toilettes avec chasse d’eau, les latrines améliorées, les latrines traditionnelles et les latrines à évacuation comme étant des systèmes adéquats, alors on peut dire que 84,6% des ménages comoriens disposent de système d ‘évacuation des excrétas. Il y’a lieu de noter la disparité relative entre les milieux de résidence. En effet, 90% des ménages en milieu urbain disposent d’un système d’évaluation des excrétas contre 83% en milieu rural. En la matière et au niveau régional, Mohéli (90%) dispose d’une certaine avance par rapport à la Grande Comore (83%) et à Anjouan (85%). Comparées aux données du Recensement Général de 1991 et de l’Enquête Démographique et de Santé de 1996, qui donnent respectivement 85% et 75% des ménages qui utilisent des latrines traditionnelles, on constate qu’il n’y a pas de changements significatifs par rapport aux données du MICS 2000 (78%). On constate ainsi que les latrines traditionnelles sont encore très largement utilisées alors qu’elles présentent le grave inconvénient d’être ouvertes et de constituer ainsi des foyers favorables au développement des maladies infectieuses et parasitaires fréquentes aux Comores comme la filariose, le paludisme, les parasitoses intestinales, les maladies diarrhéiques 59 Tableau 14: Pourcentage population utilisant un système sanitaire de traitement et d’élimination des excrétas, Comores, 2000 Type de toilette Chase d'eau avec égout ou avec fosse septique Latrines à évacuatio n Latrines améliorée s à ventilation Latrines traditionnel les Trou ouvert Sceau Autre Pas de toilette ou brousse ou champ Total Total qui possèdent un système sanitaire adéquat Nombre de ménages Mohéli 1,8 0,2 0,7 88,1 0,9 0,0 4,2 4,2 100.0 90,7 311 Anjouan 2,3 0,5 1,7 80,9 10,8 0,3 2,6 0,9 100.0 85,2 1048 Anjouan 2,3 0,5 1,7 80,9 10,8 0,3 2,6 0,9 100.0 85,2 1048 Grande Comore 1,2 1,6 2,7 78,2 13,3 0,2 2,7 0,1 100.0 83,6 2319 Grande Comore 1,2 1,6 2,7 78,2 13,3 0,2 2,7 0,1 100.0 83,6 2319 100.0 100.0 Urbain 5,0 3,7 1,8 79,9 6,5 0,1 2,6 0,5 100.0 90,1 801 Urbain 5,0 3,7 1,8 79,9 6,5 0,1 2,6 0,5 100.0 90,1 801 Rural 0,6 0,4 2,4 79,8 13,0 0,2 2,9 0,7 83,1 2877 Rural 0,6 0,4 2,4 79,8 13,0 0,2 2,9 0,7 83,1 2877 100.0 Total 1,6 1,1 2,3 79,8 11,6 0,2 2,8 0,7 100.0 84,6 3678 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 5 Ce tableau est basé sur les réponses à ES3. Un système sanitaire pour le traitement des excréments comprend les toilettes suivantes: celles avec chasse d’eau connectée au système d’égouts ou fosse sceptique, autre chasse d’eau, latrines améliorées, latrines traditionnelles. Les personnes vivant dans des ménages qui utilisent un des types de toilettes sont classées comme des personnes ayant accès à un système sanitaire pour le traitement des excréments. Les catégories ‘aucun’ et ‘autre’ sont classifiées comme n’ayant pas accès au système sanitaire pour le traitement des excréments. 60 L’information sur le type de toilettes provient du questionnaire sur le ménage, mais le tableau des données sur les personnes et no sur les ménages. Afin de calculer les données du tableau, chaque ménage a été pondéré (c’est-à-dire., multiplié) par le nombre de personnes dans le ménage. 61 Figure 11 : Distribution des Pourcentages des ménages par type de toilette suivant le milieu et suivant les îles. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Chase d'eau Latrines à évacuation Latrines améliorées Latrines traditionnelles Trou ouvert Sceau Autre Pas de toilette Mohéli Anjouan Grande Comore Urbain Rural 62 D. MALNUTRITION DES ENFANTS. Ce chapitre, consacré à la nutrition des enfants de moins de cinq ans, s’articule sur quatre points. Le premier concerne les politiques de développement conduites jusqu’à présent en matière de nutrition, en mettant en exergue les objectifs recherchés. Le deuxième point présente les résultats de l’enquête MICS 2000 relatifs à l’état nutritionnel de ces enfants : leurs modes d’alimentation, la prévention des carences nutritionnelles spécifiques chez ces enfants et les femmes qui allaitent, l’anthropométrie nutritionnelle à la naissance, en relation avec les caractéristiques socio-démographiques, telles que le sexe, l’île, le milieu de résidence, les catégories d’âge et le niveau d’instruction de la mère. Dans chacun des sous- thème, une analyse comparative, en rapport avec les données de l’EDS de 1996 et en fonction des objectifs nutritionnels de la SME, est effectuée. D.1.Politiques en matière de nutrition Dès 1977, les Comores ont adopté et mis en œuvre une politique d’autosuffisance alimentaire. Des actions nutritionnelles ont été développées et orientées surtout vers la substitution et/ou la diminution de la consommation des denrées alimentaires importées, tels que le riz et le froment de blé, au profit de produits locaux, en l’occurrence le maïs, les tubercules et autres féculents. Cette volonté politique de prévenir les différents types de malnutrition et les autres carences nutritionnelles s’est renforcée avec la promotion de la politique nationale des soins de santé primaires. Ainsi, des enquêtes nationales ont été effectuées en vue d’évaluer la situation nutritionnelle. Des diagnostics sur la Situation de la Femme et de l’Enfant Comoriens ont été posés. Des plans d’action ont été mis en chantier. Des actions en faveur de la promotion du sel iodé et de prise en charge nutritionnelle ont été aussi développées. De même, depuis le Sommet Mondial pour les Enfants (SME) en 1990, la Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN) en 1992 et le Sommet Mondial sur l'Alimentation (SMA) en 1996, d’autres actions visant à réduire la malnutrition protéino-énergétique et les carences nutritionnelles spécifiques, ont suivi, selon une stratégie multisectorielle et multidisciplinaire, au travers des projets ci-après. • Plan National de Développement Sanitaire, Perspectives AN 2010 (1993). • Programme National d’Action en faveur de la Survie, la Protection et le Développement de l’Enfant Comorien, (1992). • Projet de Développement des Cultures Vivrières et Appui Sémencier (DECVAS) (1995). • Promotion de la Sécurité Alimentaire des Ménages (PSAM), (1998). • Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), (1999). • Projet Pilote des Services Agricoles (PPSA), (2000). • Plan National d’Action pour la Nutrition (PNAN), (2000). Les objectifs visés par ces projets, rejoignent, entre autres, ceux du Sommet Mondial pour les Enfants et visent, d’ici l’an 2010, à savoir : 1. contribuer à assurer la sécurité alimentaire des ménages en vue d’améliorer l’état nutritionnel de la population comorienne ; 2. augmenter la production alimentaire pour fournir suffisamment de nourriture (en qualité et en quantité) aux ménages afin de réduire d’au moins deux tiers le nombre de ménages souffrant d’insécurité alimentaire ; 3. réduire d’au moins de moitié la prévalence de la malnutrition protéino-calorique chez les enfants de moins de cinq ans ; 63 4. réduire de 43% à 20% la contribution de la malnutrition à la mortalité infanto-juvénile ; 5. éliminer les carences en iode et en vitamine A par la consommation du sel iodé et des aliments riches en iode et en vitamine A ; 6. faire une enquête nationale sur la carence en fer en vue de connaître l’ampleur du problème et entreprendre des actions afin de réduire substantiellement la prévalence de l’anémie par carence en fer chez les enfants et les femmes. 7. ramener en dessous de 10% la prévalence de faibles poids de naissance (inférieur à 2,5Kg); 8. mettre en place un programme national intégré d’IEC en vue d’amener la population à adopter des modes de vie et des régimes alimentaires sains, favorables à un bon état sanitaire et nutritionnel ; 9. mettre en place d’ici 2005 les mécanismes intersectoriels requis pour garantir la qualité des denrées alimentaires à travers toute la chaîne alimentaire jusqu’à la consommation ; 10. élaborer et adopter d’ici 2002 un programme d’allaitement maternel qui intègre les recommandations du code international sur la commercialisation des substituts du lait Maternel et l’Initiative Hôpitaux Amis des Bébés(IHAB) ; 11. mener des recherches appliquées en vue de proposer des solutions aux problèmes alimentaires et nutritionnels ; 12. doter le pays d’une structure efficiente de planification et de suivi de ces problèmes. Même si ces objectifs ne sont pas atteints, certaines actions méritent d’être mentionnés comme : • l’encadrement des paysans sur les techniques agricoles et culturales pour la production vivrière et les cultures maraîchères dans le cadre des Centres Fédéraux d’Appui pour le Développement Rural (CEFADER) et du projet DECVAS • l’organisation des paysans à travers des structures corporatistes, etc… D’autres actions sont en cours de réalisation, mais elles sont quelque peu diluées et soumises aux contraintes auxquelles les paysans doivent faire face, comme les difficultés dans la commande des semences, l’étroitesse du marché, les défaillances dans les circuits de distribution, etc. D.2. Etat nutritionnel des enfants de moins de cinq ans. La malnutrition est mesurée, en comparant les enfants à ceux ayant les mêmes caractéristiques au niveau du standard de référence, au moyen d’indices nutritionnels que sont la Taille pour Age (T/A) ou Retard de croissance, le Poids pour la Taille (P/T) ou l’Emaciation, et le Poids pour l’Age (P/A) ou Insuffisance pondérale. Ces indices sont établis à partir des mensurations anthropométriques. Le standard de référence du NCHS/OMS représente la répartition de la taille et du poids par âge et sexe dans une population saine et bien nourrie. La distribution suit une loi normale de telle sorte que la moyenne et la médiane soient identiques. Les indices de l’état nutritionnel sont exprimés en termes de nombre d’unités d’écart-type (ET) par rapport à la médiane de la population de référence internationale pour cet âge. Et dans une population de référence, c’est à dire dans une population bien nourrie et en bonne santé, l’on s’attend à ce que 2,3% des enfants se situent en dessous de 2 ET (Ecart-Type), et 0,1% en dessous de 3 ET. Dans cette MICS 2000, les résultats sont quelque peu biaisés par des problèmes liés au déroulement de l’enquête et 34% des 4870 enfants âgés de 0 à 59 mois de l’échantillon ont été exclus du calcul des indicateurs nutritionnels pour mensurations manquantes ou pour données anthropométriques incohérentes. Le tableau 15 ci-dessous donne de façon détaillée les résultats obtenus des indices de malnutrition en fonction des caractéristiques socio-démographiques. 64 Tableau 15: Pourcentage des enfants de moins de cinq ans qui souffrent d’une sous-nutrition sévère ou modérée, Comores, 2000 Poids pour âge Taille pour âge Poids pour taille Pourcentage en dessous de – 2 SD Pourcentage en dessous de –3 SD Pourcentage en dessous de – 2 SD Pourcentage en dessous de –3 SD Pourcentage en dessous de –2 SD Pourcentage en dessous de –3 SD Nombre d’enfants Masculin 26,4 8,5 43,2 24,2 12,1 4,3 1656 Féminin 24,4 8,5 41,3 22,4 10,9 3,1 1523 Mohéli 40,4 15,2 31,9 14,1 28,3 9,7 264 Anjouan 35,3 13,6 53,2 35,9 9,8 3,3 1004 Grande Comore 18,2 4,9 38,0 18,0 10,1 3,1 1910 Urbain 25,5 9,4 31,8 15,7 15,8 5,7 717 Rural 25,4 8,2 45,4 25,5 10,3 3,2 2462 < 6 Mois 14,6 4,8 24,8 8,5 10,0 2,9 251 6-11 Mois 24,1 6,0 36,1 15,4 9,8 2,5 278 12-23 Mois 29,6 9,3 51,3 33,0 13,3 4,2 579 24-35 Mois 28,7 10,7 43,6 24,1 11,3 4,7 668 36-47 Mois 22,4 8,5 39,3 20,7 11,9 3,4 757 48-59 Mois 26,6 8,0 45,8 26,1 11,1 3,6 646 Niveau d’éducation de la mère Aucun 28,5 10,1 45,7 26,3 11,8 3,9 2122 Primaire 19,2 5,2 37,8 17,2 11,3 4,9 489 Primaire 19,2 5,2 37,8 17,2 11,3 4,9 489 Secondaire 18,4 5,5 32,7 15,8 11,8 2,3 475 Secondaire 18,4 5,5 32,7 15,8 11,8 2,3 475 Programme non-formel 23,1 5,1 38,3 20,9 5,1 0,0 55 Programme non-formel 23,1 5,1 38,3 20,9 5,1 0,0 55 Total 25,4 8,5 42,3 23,3 11,5 3,7 3179 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 3, 9, 26 65 Figure 12 : Pourcentage des enfants de moins de 5 ans qui présentent une malnutrition modérée ou sévère 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 < -2ET < -3ET Type de malnutrition Poids pour Age Taille pour Age Poids pour taille Retard de croissance ou Malnutrition chronique. Le retard de croissance rend compte de la taille d’un enfant par rapport à son âge. C’est un indicateur de déficiences de croissance cumulées causées par une sous-alimentation chronique, de maladies à répétition et des pratiques alimentaires inadéquates survenues pendant une période relativement longue. Selon la MICS 2000, 42,3% d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique et plus d’un enfant sur cinq (23,3%) de malnutrition chronique sévère. Les prévalences de cette malnutrition, mesurées au cours de cette enquête chez les enfants âgés de 0 à 59 mois, sont élevées pour toutes les caractéristiques socio-démographiques. Les enfants résidant en milieu rural semblent plus marqués par le retard de croissance que ceux du milieu urbain : 45% contre 32% pour la forme modérée et 25,5% contre 15,7% pour la forme sévère (voir graphique 2 ci-dessous) Figure 13: 31.8 15.7 45.4 25.5 0.0 20.0 40.0 60.0 Urbain Rural Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans souffrant de reatrd de croissance selon le Milieu de Résidence Forme modérée (<-2ET) Forme sévère(<-3ET) La différence entre les garçons (43,2%) et les filles (41,3%) pour la forme modérée et de 24,2% contre 22,4% pour la forme sévère, varie peu. Selon l’île de résidence de ces enfants et quelle que soit la forme de ce type de malnutrition, il y a de très fortes variations. Un peu plus de la moitié des enfants se retrouvent à Anjouan en dessous de moins deux écarts types 66 (53,2% < - 2 E.T.). A la Grande-Comore et à Mohéli, ils représentent plus du tiers des enfants soit respectivement (38,0% et 32%). Quant à ceux qui sont atteints sévèrement de retard de croissance suivant l’île de résidence, les taux sont de : 36% pour Anjouan, 18% pour la Grande-Comore et 14%, pour Mohéli. Figure 14 : 24,8 8,5 36,1 15,4 51,3 33,0 43,6 24,1 39,3 20,7 45,8 26,1 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 < 6 Mois 6-11 Mois 12-23 Mois 24-35 Mois 36-47 Mois 48-59 Mois Groupes d'Ages Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans souffrant de retard de croissance Forme modérée Forme sévère Selon l’âge des enfants, aucune catégorie d’âge n’est épargnée par le retard de croissance, et plus celle des 12-23 mois (51,3%). La forme sévère suit la même tendance jusqu’à peine 4 ans, mais à partir de la quatrième année, les tendances s’inversent de manière significative. Même si les prévalences restent élevées, elles varient énormément selon le niveau d’instruction de la mère. Les enfants des mères n’ayant aucun niveau d’instruction présentent plus de cas de malnutrition chronique que ceux des mères qui ont atteint le niveau primaire ou/et secondaire. Emaciation ou malnutrition aiguë. L’émaciation reflète la masse corporelle par rapport à la taille et indique la maigreur ou la corpulence, et indique l’état nutritionnel de l’enfant au moment de l’enquête. Cet indice est fortement influencé par les changements saisonniers qui sont liés à la disponibilité ou non des aliments, et/ou à la fréquence des maladies aiguës comme la diarrhée… Les taux de cette malnutrition aiguë vont croissant pour toutes les caractéristiques socio- démographiques. Au niveau national, on a 11,5% de prévalence, dont 4% pour la forme sévère. Les enfants résidant en milieu urbain (15,8%) sont plus touchés par la malnutrition aiguë que ceux qui sont en milieu rural (10,3%). Les garçons sont autant touchés que les filles (12% contre 11%). Toutefois, contrairement à ce que l’on a vu pour le retard de croissance, les enfants à Mohéli semblent plus émaciés aussi bien pour la forme modérée (28,3%) que pour la forme sévère (9,7%), par rapport à ceux de la Grande-Comore (10,1% et 3,1%) et à ceux d’Anjouan (9,8% et 3,3%). Suivant l’âge des enfants, c’est toujours la tranche d’âge 12 - 23 mois qui reste comme, la malnutrition chronique, la plus affectée avec 13,3%. Par contre, le niveau d’instruction semble peut influer sur cette malnutrition aiguë. Insuffisance pondérale. Elle rend compte de la masse corporelle. Elle reflète en même temps la malnutrition chronique et la malnutrition aiguë, suivant l’indice P/A. Cet indicateur est utile, car il permet de mesurer la prévalence de la malnutrition, toutes formes confondues, et d’évaluer les changements dans le temps. 67 Importante, elle concerne 25,4% des enfants de moins de 5 ans pour la forme modérée et 8,5% par la forme sévère. Suivant les caractéristiques socio-démographiques, les mêmes tendances sont à la hausse comme pour l’émaciation. Suivant le milieu de résidence, il n’y a pas de différence au niveau des prévalences même si elles demeurent élevées. Sans toutefois noter une différence significative entre les garçons et les filles, le taux des garçons dépasse celui des filles (26,4% contre 24,4%). Les enfants à Mohéli paraissent plus touchés (40%) que ceux qui résident à Anjouan (35,3%) et/ou à la Grande-Comore (18,2%). Quant à l’âge des enfants, ce sont les mêmes tendances constatées. Les groupes d’âge 12 – 23 mois et 24 - 35 mois renferment le plus grand nombre d’enfants qui accusent le plus l’insuffisance pondérale (voir graphique 4 ci-dessous). Figure 15 : 14,6 24,8 10,0 24,1 36,1 9,8 29,6 51,3 13,3 28,7 43,6 11,3 22,4 39,3 11,9 26,6 45,8 11,1 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 < 6 Mois 6-11 Mois 12-23 Mois 24-35 Mois 36-47 Mois 48-59 Mois Groupes d'âge Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition Insuffisance pondérale<-2ET Retard de croissance<-2ET Emaciation<-2ET Le niveau d’instruction influe également sur l’insuffisance pondérale. Plus la mère a fréquenté le niveau primaire ou/et secondaire, moins ses enfants présentent une insuffisance pondérale (19% contre 28,5% pour le mères sans instruction). Ceci est illustré par le graphique 5 ci- dessous. Figure 16 68 Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition modérée ou/et sévèrepar niveau d'instruction de la mème 28,5 19,2 18,4 10,1 5,2 5,5 45,7 37,8 32,7 26,3 17,2 15,8 11,8 11,3 11,8 3,9 4,9 2,3 0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0 45,0 50,0 Aucun Primaire Secondaire P/A<-2ET P/A<-3ET T/A<-2ET T/A<-3ET P/T<-2ET P/T<-3ET Ces niveaux de malnutrition dépassent de très loin les niveaux attendus dans une population bien nourrie et en bonne santé. Il apparaît clairement que le problème de malnutrition protéino-énergétique, le plus important aux Comores, celui qui handicape le plus le développement des enfants de moins de 5 ans, est le retard de croissance. Les résultats dégagés par cette enquête corroborent l’ampleur et la gravité de cette pathologie nutritionnelle qui ne cesse de prendre de l’importance depuis l’enquête sur l’état nutritionnel réalisée en 1991, même si celle-ci concernait les enfants âgés de 0 à 23 mois (moins de 2 ans), alors l’EDS 96 avait porté sur ceux de moins de 3 ans, tout comme la MICS 2000. En considérant les deux groupes d’âge de l’EDS 1996 et de la MICS 2000 tels qu’ils figurent dans les tableaux ci-dessous, il apparaît que la malnutrition, et plus particulièrement de la malnutrition chronique, a continué à s’aggraver durant ces 5 dernières années. Tableau 15a : Répartition des différents types de malnutrition protéino-énergétique identifiés par EDS’96 Types de Malnutrition Protéino-Energétique. Mohéli Anjouan Grde-Comore COMORES Insuffisance pondérale ƒ P/A < - 2 E.T. ƒ P/A < - 3 E.T. 30,6 9,7 32,7 11,9 18,9 4,0 25,8 7,9 Retard de croissance ƒ T/A < - 2 E.T. ƒ T/A < - 3 E.T. 27,8 5,6 41,6 19,8 27,6 8,8 33,8 13,4 Emaciation ƒ P/T < - 2 E.T. ƒ P/T < - 3 E.T. 16,7 4,2 10,1 2,0 5,2 1,6 8,3 2,0 Effectif 72 404 445 921 Source : EDS aux Comores réalisée en 1996 chez enfants de moins de 3 ans. Tableau 15b : Répartition des différents types de malnutrition protéino-énergétique identifiés par MICS 2000 Types de Malnutrition Protéino-Energétique. Mohéli Anjouan Grde-Comore COMORES 69 Insuffisance pondérale ƒ P/A < - 2 E.T. ƒ P/A < - 3 E.T. 39,1 16 36,5 14,7 19,8 4,9 26,3 8,7 Retard de croissance ƒ T/A < - 2 E.T. ƒ T/A < - 3 E.T. 35,0 16,5 51,6 33,9 38,9 19,5 42,3 23,4 Emaciation ƒ P/T < - 2 E.T. ƒ P/T < - 3 E.T. 24,2 12,7 10,3 3,3 10,4 3 11,5 3,9 Effectif 153 516 1107 1776 Source : MICS 2000 aux Comores réalisées chez les moins de 3 ans. Les prévalences pour toutes les formes de malnutrition ont augmenté de manière significative pour toutes les catégories socio-démographiques. Il ressort que c’est le groupe d’âge des 12– 23 mois, voire pour ceux de moins de 3 ans, qui pâtissent le plus de ces carences énergétiques. La situation est plus préoccupante pour les enfants à Anjouan, notamment pour la forme chronique. La hausse de ces malnutritions peut être liée à l’insécurité alimentaire des ménages, dans la mesure où selon l’enquête budget et consommation réalisée en 1995, un tiers des ménages environ, éprouverait des difficultés à assurer par jour et par tête, le minimum retenu de ration alimentaire journalière équivalent à 1931 kilo-calories, permettant de mener au moins une vie active. Mais, par ailleurs, il est établi dans l’étude du bilan de disponibilité alimentaire pour l’année 1997, que l’on dispose en moyenne 1947 kcal par personne et par jour. Quoiqu’il en soit, la situation paraît très inquiétante. Selon l’EDS de 1996, la malnutrition contribue à la mortalité infanto-juvénile pour 43% des cas, dont 34% est attribuée à la forme modérée et 9% à la forme sévère. Au regard de ces chiffres, la part de la malnutrition à cette mortalité infanto-juvénile ne saurait que croître davantage en toute logique. Cet état de fait démontre malheureusement qu’on est encore loin d’atteindre les objectifs fixés à travers les programmes de développement socio-économiques énumérés ci-haut et ceux du Sommet mondial pour l’enfance. D.5. Allaitement maternel Au cours de cette enquête à indicateurs multiples, on a demandé aux mères : si elles avaient allaité leurs enfants vivants nés dans les 12 derniers mois ; si pendant les 24 heures ayant précédé l’enquête, leurs enfants étaient allaités ; et pendant combien de temps elles avaient allaité ; à quel âge elles avaient introduit des aliments de complément : et quel type d’aliments. On a aussi demandé aux mères si elles ont utilisé le biberon. En effet, selon la définition de l’OMS et de l’UNICEF, l’allaitement maternel exclusif se réfère aux enfants qui sont uniquement nourris au sein et qui ne reçoivent en supplément que des vitamines, des sels minéraux et des médicaments, de la naissance à l’âge de 4 à 6 mois. La pratique de l’allaitement maternel aux Comores semble largement répandue. Elle profite à 95,1% des nourrissons de O-1 mois, au moment de l’enquête, selon les déclarations des mères. Cette habitude est conservée tout au long de la première année, car la proportion de nourrissons de moins de 12 mois toujours allaités n’a pas varié (95,0%). Toutefois, au regard des résultats, certaines données laissent supposer que ces nourrissons ont reçu d’autres 70 préparations pour bébé, et surtout que 5% des nourrissons de 0–1 mois n’ont pas été du tout allaités. Ce pourcentage n’est pas négligeable à cet âge, étant donné que tout enfant doit être nourri au sein. Si effectivement 5% des nourrissons sont pratiquement exclus de l’allaitement, il y a lieu d’en être préoccupé, en raison des conséquences sur la santé de ces enfants. Mais cette hypothèse paraît peu vraisemblable dans la mesure où des pareils cas sont rarissimes, plus particulièrement dans les pays en voie de développement. A cet effet, on notera que suivant l’enquête EDS des Comores de 1996, aucun enfant (0,00%) n’a été privé d’allaitement maternel entre 0–3 mois. En toute hypothèse, les données aboutissant à ce taux de 5% sont biaisées. Les prévalences de l’allaitement maternel exclusif demeurent toujours faibles. A 0-1 mois, 27,1% des enfants ont connu ce mode d’alimentation ; à 0–3 mois, seulement 24,3% l’ont eu et en dessous de 6 mois, il n’y a eu que 21,3 % des enfants. D’autres substituts du lait maternel sont introduits dans l’alimentation des enfants. A 0–1 mois, 16,3% ont reçu de l’eau en plus du sein et 51,7% sont nourris avec des liquides et d’autres aliments solides. Ces chiffres traduisent des comportements alimentaires inappropriés des mères à l’égard de l’alimentation de leur progéniture, comportement particulièrement préjudiciables à l’état nutritionnel et sanitaire des enfants. Les mères résidant en milieu rural pratiquent davantage ce mode d’alimentation pour les enfants de 0 à 3 mois(25,7% ) que celles en milieu urbain (19,0%). Figure 17 : 19.0 41.2 61.2 31.4 25.7 32.3 66.4 48.5 0.0 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0 70.0 Urbain Rural Milieu de Résidence Pourcentage d'enfants vivant par pratique d'allaitement Allaitement maternel exclusif 0-3 mois Alimentation de complément 6-9 mois Allaitement maternel continu 12-15 mois Allaitement maternel continu 20-23 mois Il y a presque autant des filles que des garçons de 0 à 3 mois nourris exclusivement à l’allaitement maternel (24,6% contre 24,1%). En Grande-Comore la proportion d’enfants nourris exclusivement au sein paraît identique à la moyenne mesurée au niveau national. Et les mères qui n’ont pas été à l’école allaitent beaucoup plus leurs bébés que celles qui y ont été (27,5% contre 20,5%). Le tableau 16 qui suit résume les pourcentages d’enfants vivant par type d’allaitement. 71 Tableau 16: Pourcentage des enfants vivants par type d’allaitement, Comores, 2000 Pourcentage des enfants de 0-3 mois exclusivement allaités Nombre d’enfants Pourcentage des enfants de 6-9 mois recevant du lait maternel et des aliments solides/semi- solides Nombre d’enfants Pourcentage des enfants de 12 –15 mois allaités Nombre d’enfants Pourcentage des enfants de 20-23 mois allaités Nombre d’enfants Masculin 24,1 133 32,9 168 65,3 168 48,4 118 Féminin 24,6 109 36,0 152 65,4 173 40,8 92 Mohéli 4,0 16 62,2 33 60,5 24 23,9 13 Anjouan 29,0 62 37,6 74 58,4 82 35,1 57 Grande Comore 24,5 164 28,9 213 68,2 235 51,2 139 Urbain 19,0 49 41,2 74 61,2 70 31,4 42 Rural 25,7 193 32,3 246 66,4 271 48,5 168 Aucun 27,5 137 36,9 207 62,8 202 42,9 128 Primaire 18,3 56 36,9 59 75,5 64 42,7 48 Secondaire 22,7 43 23,6 45 65,4 68 52,6 30 Programme non-formel 9,7 5 17,1 4 50,0 5 72,4 2 Total 24,3 242 34,3 320 65,3 341 45,1 210 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 16 72 Selon les recommandations de l’OMS et de l’UNICEF, l’âge auquel d’autres aliments solides et semi-solides doivent être introduits en complément du lait maternel se situe entre 6 et 9 mois. Or suivant les données de l’enquête, il apparaît que seulement 34,3% sont dans ce cas. Ce qui veut dire que 2/3 (65%) des enfants reçoivent tardivement une alimentation complémentaire, c’est à dire au-delà de 9 mois. Ce comportement alimentaire contribue aussi à détériorer l’état nutritionnel des enfants, ce qui pourrait expliquer les fortes prévalences mesurées pour les trois types de malnutrition. Entre l’EDS de 1996 et la MICS 2000, 25% des enfants de moins de 5ans ont passé tardivement à l’alimentation de complément, à l’âge de 9 mois. Cette baisse peut être attribuée, d’une part, à la méconnaissance par les mères des modes d’alimentation de l’enfant, et d’autre part, à l’absence pendant un temps plus ou moins long des mères résidant en milieu urbain, à cause de leurs exigences professionnelles. Les mères résidant en milieu urbain ont mieux passé à l’alimentation complémentaire de leurs enfants à l’âge requis selon les normes de l’OMS et de l’UNICEF que celles des enfants en milieu rural (41% contre 32%). Il apparaît également que les filles sont un peu mieux traitées que les garçons (36% contre 33%). Selon le niveau d’instruction des mères, en considérant les deux modalités : « n’ayant pas été à l’école » et « ayant fréquenté l’école », il est avéré que les enfants dont les mères n’ont aucune instruction semblent avoir eu une alimentation complémentaire à l’âge convenu par rapport aux enfants dont les mères ont déclaré avoir été à l’école. Cette différence peut être associée à la disponibilité et à la présence des mères qui n’ont pas fréquenté l’école dans le ménage, contrairement à celles qui sont instruites, car elles sont censées avoir un travail. De même, suivant les même recommandations, l’allaitement maternel doit être poursuivi jusqu’à l’âge de 12–15 mois, voire 20–23 mois. Les taux mesurés sur la poursuite de l’allaitement prouvent qu’à 12-15 mois, 2/3 des mères continuent à allaiter leurs enfants (65%). Selon le milieu de résidence, le taux d’allaitement continu est meilleur en milieu rural qu’en ville (68% contre 62%). Entre l’âge 12-15 mois, il est le même aussi bien chez les filles que chez les garçons et correspond à la moyenne mesurée au niveau national. Par contre, si l’on considère le niveau d’instruction selon deux modalités retenues ci-dessus, pour les mêmes raisons évoquées plus haut, il apparaît que le taux d’allaitement continu est plus élevé chez les femmes ayant fréquenté l’école que chez celles qui n’ont aucun niveau d’instruction. La poursuite de l’allaitement maternel jusqu’à 20-23 mois est pratiquée par 45% des mères. Même si le taux de poursuite doit logiquement baisser en fonction de l’âge, la chute ne doit pas être brusque comme on le constate ici : moins de 20 points. Certes, il doit diminuer, mais de façon régulière, et non en cascade, jusqu’à l’âge de 24 mois. Cette allure dénote de pratiques alimentaires aléatoires des mères peu au fait des règles alimentaires adaptés à l’enfant. Près d’un tiers des enfants sont ainsi privés d’un aliment précieux pour compléter et équilibrer leur ration journalière. Suivant le milieu de résidence, les mères en milieu rural continuent toujours de donner le sein à leurs enfants à l’âge 20-23 mois par rapport à celles qui vivent dans les villes (48,5% contre 31,4%). A cet âge, l’allaitement continu est à l’avantage des garçons (48% contre 41% pour les filles). Les mères qui ont fréquenté le système formel d’éducation continuent plus à donner le sein à leurs enfants que celles qui n’ont pas du tout été à l’école (48% contre 43%). Le taux d’abandon de l’allaitement maternel continu est très important à cet âge et laisse présumer que la ration journalière d’un nombre considérable d’enfants demeure en quantité et en qualité insuffisante pour une croissance et une santé satisfaisantes. En effet, les chiffres ventilés dans le tableau ci-dessous permettent d’apprécier la situation actuelle de l’allaitement. 73 Tableau 16w: Pourcentage des enfants vivants par type d’allaitement, Comores, 2000 Statut d'allaitement Pas d'allaitement Allaitement Exclusif Allaitement et eau plate Allaitement et Eau sucré/jus Allaitement et aliment solide Total Nombre d’enfants Age (en mois) 0-1 4,9 27,1 16,3 47,4 4,3 100,0 95 2-3 6,1 21,5 5,2 50,8 16,5 100,0 129 4-5 8,5 15,3 7,6 39,1 29,5 100,0 204 6-7 11,9 18,8 2,3 31,1 35,9 100,0 154 8-9 5,9 15,1 3,1 35,7 40,2 100,0 135 10-11 22,3 9,8 3,4 31,3 33,3 100,0 122 12-13 23,8 13,9 1,2 27,6 33,5 100,0 138 14-15 29,0 7,6 1,1 22,2 40,1 100,0 158 16-17 34,1 11,2 1,1 21,8 31,8 100,0 229 18-19 35,4 10,4 2,0 16,5 35,7 100,0 114 20-21 34,8 8,8 0,0 24,9 31,5 100,0 79 22-23 55,0 5,3 0,0 12,5 27,2 100,0 95 24-25 69,6 6,8 1,2 6,2 16,2 100,0 95 26-27 76,3 0,0 0,5 16,0 7,2 100,0 103 28-29 79,9 2,5 0,0 7,9 9,8 100,0 298 30-31 89,6 0,0 0,0 3,3 7,1 100,0 112 32-33 88,9 4,3 0,0 5,0 1,8 100,0 93 34-35 91,0 1,8 0,0 1,7 5,4 100,0 66 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 16 A la lumière du statut de l’allaitement maternel détaillé dans ce tableau et en se référant à celui illustré par l’EDS de 1996, de nombreux contrastes émergent. En 1996, l’allaitement maternel exclusif profitait à un nombre très réduit des bébés de 0–1 mois (10%) et de 0–3 mois (4,7%). Avec la MICS 2000, on enregistre une amélioration de l’allaitement maternel exclusif qui passe, pour les 0 à 1 mois, à 27%, et à 24,3% pour ceux de 0 à 3 mois. On constate également que la manière dont les mères pratiquent l’allaitement maternel et les autres modes d’alimentation de l’enfant est à déplorer. Il a été prouvé par l’EDS/96 que les enfants recevaient très tôt des compléments au lait maternel : 7% des préparations pour bébé ; 17%, du lait artificiel ; 40%, d’autres types de liquides comme des jus des fruits et 7% des aliments semi-liquides et/ou solides. Selon la MICS 2000, de 0 à 1 mois, 47% des bébés reçoivent en plus du lait maternel d’autres liquides et 5% des aliments semi-liquides et/ou solides. En conséquence, l’allaitement maternel exclusif concerne toujours un nombre très réduit de bébés âgés de 0 – 3 mois (voir graphique 8 ci-dessous). L’introduction d’aliments de complément à l’âge recommandé ne profite pas aux enfants dans leur ensemble, la poursuite de l’allaitement maternel au-delà de 12 mois régresse et la durée moyenne de l’allaitement tend à la baisse par comparaison aux données de l’EDS 96. Ces comportements alimentaires tendent à réduire le nombre des tétées, la production du lait et à compromettre ainsi les avantages qu’on pouvait attendre des politiques de la planification familiale, surtout l’espacement des naissances. 74 Figure 18 : Statut de l'allaitement des enfants 0.0 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0 0-1 2-3 4-5 6-7 8-9 10-11 12-13 14-15 16-17 18-19 20-21 22-23 24-25 26-27 28-29 30-31 32-33 34-35 Ages des enfants en mois Allaitement maternel exclusif Allaitement matrnel + eau seulement Allaitement maternel & autres liquides Allaitement maternel + aliments semi liquides Source : MICS/ 2000 75 D.3. Consommation du sel iodé et Supplémentation en vitamine A. Consommation du sel iodé. Le test sur le sel iodé est effectué sur l’ensemble du territoire sur un échantillon de 3677 ménages suivant la répartition par île ci-après : Mohéli 311, Anjouan 1048 et la Grande Comore 2319 (voir Tableau 17 ci-dessous). Tableau 17: Pourcentage de ménages consommant du sel adéquatement iodé, Comores, 2000 Pourcentage des ménages avec le sel testéPourcentage des ménages n’ayant pas de sel Pourcentage des ménages dans lesquels le sel a été testé < 15 PPM 15+ PPM Nombre de ménages enquêtés Mohéli 14,6 84,3 30,1 69,9 311 Anjouan 1,7 90,9 9,3 90,7 1048 Grande Comore 6,3 86,9 20,1 79,9 2319 Urbain 3,8 90,2 17,5 82,5 801 Rural 6,2 87,2 17,8 82,2 2877 Total 5,7 87,8 17,8 82,2 3678 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro14 Note: le sel adéquatement iodé est le sel testé à 15 PPM (parties par million) ou plus. Tableau 17a: Pourcentage des personnes consommant du sel adéquatement iodé, Comores, 2000 Pourcentage de population avec le sel testéPourcentage de population n’ayant pas de sel Pourcentage de population pour laquelle le sel a été testé < 15 PPM 15+ PPM Nombre de personnes enquêtées Mohéli 13,0 86,3 31,6 68,4 2234 Anjouan 1,6 91,1 8,7 91,3 8139 Grande Comore 6,0 86,9 19,9 80,1 16911 Urbain 3,5 90,1 17,4 82,6 5868 Rural 5,8 87,6 17,4 82,6 21416 Total 5,3 88,1 17,4 82,6 27284 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro14 Note: le sel adéquatement iodé est le sel testé à 15 PPM (parties par million) ou plus. Ainsi, 3229 ménages correspondant à 87,8% du total possédaient du sel au moment de l’enquête. Le graphique 9 ci- dessous présente la répartition par île. 76 Figure 19 : Pourcentage des ménages possédant du sel testé Mohéli 32% Anjouan 35% Grde-Comore 33% Dans l’ensemble, la proportion de ménages qui ne disposait pas de sel au moment de l’enquête est de 5,7% et on a enregistré 6,5% des ménages où les données récoltées ne pouvaient pas être exploitées sur le plan informatique. Suivant le milieu de résidence, le taux de réalisation du test sur la présence d’iode dans les ménages est un peu plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural (90% contre 87%). Au niveau des îles, le nombre de ménages touchés est très important. C’est à Anjouan où on a pu constater le plus d’iode dans le sel consommé dans les ménages (91,0%), par rapport à la Grande-Comore (87%) et à Mohéli (84%). En revanche, c’est l’île de Mohéli où l’on a constaté une proportion non négligeable de ménages qui ne possédaient pas de sel pour le test (15%). Figure 20 : 17,8 82,2 0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 < 15 PPM 15+ PPM Doses Pourcentage des ayant consommé du sel iodé Il ressort que 82% des ménages consomment du sel dont la concentration dépasse 15 PPM et 18% des ménages prennent du sel dont la teneur en iode est inférieure à 15 PPM comme il est indiqué dans le graphique 10 ci-dessus. Suivant le milieu de résidence, la présence du sel iodé dans les ménages urbains arrive au niveau de la couverture recommandée (90,2%> 90%) alors que les ménages ruraux, elle s’approche de près à la moyenne nationale (82,2%). Il est très intéressant de signaler qu’à Anjouan, où l’on a le plus de cas de goitre (enquête goitre 77 1995), la couverture du sel iodé (91%) dépasse les 90% (voir graphique 11 ci-dessous). Cette bonne couverture dénoterait d’une prise de conscience par les ménages de la gravité des troubles dus à la carence en iode et des risques auxquels les jeunes enfants sont exposés, notamment l’arriération mentale et la diminution du quotient intellectuel qui pourraient compromettre l’épanouissement intellectuel des jeunes enfants. Figure 21 : Pourcentage des ménages par type de sel 30,1 9,3 20,1 69,9 90,7 79,9 0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 Mohéli Anjouan Grde-Comore < 15 PPM + 15 PPM Le taux de réalisation du test de l’iode au niveau national est très important (88,0%) et satisfaisant. Au regard des indicateurs d’évaluation des troubles dus à la carence en iode, l’on constate que la couverture du sel suffisamment iodé aux Comores (82,2%) s’approche de celle requise et admise à l’échelle internationale (> 90%). Certes, avec des taux de couverture attestant que la teneur en iode est supérieure à 15 PPM, s’approchant à la norme recommandée, l’on ne peut dire que la population en générale est épargnée de la carence en iode. Au contraire, des efforts doivent être redoublés dans toutes les contrées reculées, pour essayer de dépasser cette couverture de 90% et plus particulièrement à Mohéli et à la Grande- Comore, par la sensibilisation, en encourageant les ménages aussi bien ruraux qu’urbains à utiliser davantage du sel suffisamment iodé dans les recettes alimentaires et en renforçant la législation sur la production ou l’importation et le stockage du sel iodé. Les résultats obtenus laissent supposer qu’on n’est pas loin de l’objectif 14 de la SME qui vise l’élimination quasi totale de la carence en iode. Et il serait intéressant d’entreprendre des enquêtes sur l’iode urinaire à Anjouan, considérant que c’est l’île où les prévalences mesurées de la carence en iode paraissaient les plus élevées et pour s’assurer plus précisément que les ménages dans cette île consomment du sel iodé d’une manière adéquate. Supplémentation en vitamine A. A travers l’ enquête MICS 2000, on a aussi demandé aux mères, si les enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu ou non une dose de vitamine A pendant les six derniers mois. Et aux femmes ayant donné naissance durant les 12 derniers mois si elles ont reçu ou non une dose de vitamine A pendant les six derniers mois, avant que l’enfant n’atteigne l’âge de 8 semaines. Les enfants concernés dans cette enquête s’élevaient à 4396. Suivant les déclarations de leur mère, la moitié d’entre eux (49,6%) n’ont rien eu, et pour plus du tiers (38,7%) il n’est pas 78 établi formellement qu’ils ont reçu ou non la vitamine A. 12% d’enfants âgés de 6 à 59 mois ont été supplémentés en vitamine A selon les déclarations formelles de leur mère . Les distributions de la supplémentation en vitamine A, telles qu’elles apparaissent dans le tableau ci-dessous, indiquent qu’une trentaine d’enfants environ (5,5%) ont eu de la vitamine A au cours des six derniers mois précédant l’enquête et une dizaine d’entre eux (2%) avant les six derniers mois. En revanche, plus d’une vingtaine (4,4%) ont obtenu la dose, mais leur mères ne se rappellent plus de la période. Tableau 18: Distribution des pourcentages des enfants âgés de 6-59 mois suivant qu’ils ont reçu une forte dose de supplément de Vitamine A durant les 6 derniers mois, Comores, 2000 Pourcentage des enfants qui ont reçu la Vitamine A: Dans les 6 derniers mois Avant les 6 derniers mois Pas sûr quand ? Pas sûr d’avoir reçu Jamais reçu Total Nombre d’enfant s Masculin 5,2 1,6 3,7 40,4 49,1 100,0 2270 Féminin 5,8 2,0 5,1 36,9 50,2 100,0 2126 Mohéli 5,9 1,5 2,6 8,4 81,7 100,0 343 Anjouan 4,5 1,4 2,5 44,6 47,0 100,0 1466 Grande Comore 6,0 2,1 5,7 39,4 46,9 100,0 2586 Urbain 5,9 4,7 7,7 32,0 49,6 100,0 926 Rural 5,4 1,0 3,5 40,5 49,6 100,0 3469 Age 6-11 Mois 7,2 1,9 3,4 31,8 55,8 100,0 457 12-23 Mois 7,6 2,5 3,9 37,4 48,5 100,0 956 24-35 Mois 5,9 2,3 4,1 37,9 49,8 100,0 979 36-47 Mois 4,2 1 5,1 40 49,1 100,0 1062 48-59 Mois 3,6 1 4,9 42 48,2 100,0 942 Niveau d’éducation de la mère Aucun 4,0 1 3,9 40 50,3 100,0 2991 Primaire 9,2 2 4,6 39 45,4 100,0 636 Secondaire 7,4 4 6,0 32 50,8 100,0 619 Programme non- formel 14,7 1 5,4 24 54,8 100,0 87 Total 5,5 2 4,4 39 49,6 100,0 4396 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants => Numéro 15 Il est à remarquer que le pourcentage d’enfants ayant bénéficié de la supplémentation en vitamine A est faible (12%). Le taux de non-réponse est très important. Cependant, il est à noter aussi que les déclarations émises par les mères, selon que leurs enfants n’ont rien eu ou qu’elles ne se souviennent pas, ne permettent pas de dire réellement que ces enfants n’ont pas du tout été couverts contre l’avitaminose A. Ce taux de non-réponse si élevé s’explique par le fait que les enquêteurs ne possédaient pas au moment de l’enquête des capsules, pour aider les mères à s’en souvenir. 79 Un autre argument de taille qui soutient l’hypothèse avancée ci dessus, est qu’auparavant, des activités de prévention contre cette pathologie nutritionnelle étaient assurées au niveau des formations sanitaires. Or depuis plus de 5 ans, celles -ci sont en veilleuse. Même si l’enfant avait eu la dose à l’époque, sa maman ne pouvait plus s’en rappeler. Pour mémoire également, la faible prévalence de l’héméralopie retenue comme indicateur pour évaluer l’ampleur et la gravité du problème, obtenue sur l’ensemble du territoire national (1,4%) et à partir duquel on a classé les Comores dans la zone à risque moyen, a fait que les autorités et les responsables concernés à tous les niveaux accordaient peu d’attention au problème de la carence en vitamine A. L’évolution des quotients de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans évolue au cours de la décennie : 130 pour 1000 au recensement de 1991, 104 pour 1000 pour l’EDSC de 1996 et 74 pour 1000 pour la MICS 2000,. On constate ainsi la persistance d’une carence nutritionnelle élevée chez les enfants de 6 à 59 mois, malgré sa baisse relative. Cette situation peut s’expliquer par le nombre limité de femmes ayant bénéficié d’un supplément de vitamine A durant les huit premières semaines de la grossesse comme cela apparaît dans le tableau 19 ci-après. Tableau 19: Pourcentage des femmes qui ont eu une naissance dans les 12 derniers mois précédant l’enquête suivant qu’elles ont reçu une forte dose de supplément de Vitamine A avant que l’enfant n’atteigne 8 semaines, Comores, 2000 Ont reçu un supplément de Vitamine A Pas sûr d’avoir reçu Nombre de femmes Mohéli 15,3 1 89 Anjouan 8,9 35,0 444 Grande Comore 15,3 30,9 714 Urbain 18,9 25,7 256 Rural 11,5 31,4 992 Niveau d’éducation de la mère Aucun 9,7 31,7 799 Primaire 19,4 26,8 222 Secondaire et + 18,0 25,4 189 Programme non-formel 23,2 40,5 25 Total 13,0 30,2 1247 Objectif du Sommet Mondial pour les Enfants =>

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